En moto, nous nous rendons, à une vingtaine de kilomètres, à l’hôtel où des amis réunionnais, croisés deux ans auparavant à Malacca en Malaisie, doivent séjourner. Ils viennent juste de partir en taxi pour la plage d’Ao Nang lorsque nous arrivons. Devant notre désappointement, la réceptionniste nous offre un excellent café, odorant, parfumé, avec la mousse à la surface. C’est la première fois que nous en dégustons un de tel depuis notre départ de France. Nous leur laissons un message pour une rencontre demain. Nous continuons la balade dans le coin et nous arrêtons souvent prendre des photos, en particulier dans un champ d’ananas où les fruits, pas encore mûrs, atteignent déjà une taille impressionnante. Je stoppe aussi dans une plantation d’hévéas. Les arbres « saignent » et le latex est recueilli dans un récipient en caoutchouc. Les bols, presque pleins, sont prêts à être ramassés. Devant certaines maisons, des plaques de cette sève sont d’ailleurs en train de sécher au soleil, étendues sur des bambous faisant office de corde à linge. Nous interrompons la promenade sur la jolie plage de Klong Muang où nous étalons notre serviette sur le sable le reste de l’après-midi. Au retour, nous achetons deux belles mangues sur un marché, mais sommes déçus par leur acidité. Ce ne doit pas encore être la bonne période pour qu’elles soient gouteuses et sucrées. Elles nous semblent d’ailleurs plus chères que lors de notre dernière visite en mai 2013.
Le lendemain, après une nouvelle journée de plage, nous retrouvons enfin Ivan, Sandrine et leurs trois garçons Thibault, Elio et Lucas qui arrivent dans leur gros véhicule local de location avec un peu retard, coincés qu’ils étaient dans les embouteillages de fin de week-end. Nous sommes heureux de les revoir, exactement deux ans après notre réveillon dans la guesthouse de Christophe à Malacca. Pour l’occasion, ils nous offrent deux bocaux de foie gras ; du bon, du vrai de chez nous ! Notre ventre en gargouille déjà ! Les conversations vont bon train. Pour information, Ivan est celui qui a écrit à Laurent Ruquier pour lui raconter sa soirée de la Saint-Sylvestre en Malaisie. En retour, celui-ci nous a adressé ses salutations et celles de son équipe en direct sur les ondes d’Europe 1. À l’époque, nous avions été bien surpris en écoutant le podcast dans notre chambre de Kuala Lumpur ! Après le pot des retrouvailles, nous proposons d’aller diner sur le marché de nuit du week-end où chacun fait son choix parmi la multitude de stands. Ivan et l’un de ses fils nous suivent chez nos fournisseurs de tom yamet de curryattitrés tandis que Sandrine et ses deux autres fils qui ont peur des épices trop fortes préfèrent se rabattre sur des mets moins relevés. Pour le dessert, j’opte pour des gaufres au maïs sucré et à la noix de coco : trop bon ! Nous terminons cette très agréable soirée par un jus de fruit frais sur le marché de l’embarcadère. Tout en nous donnant rendez-vous un jour, ailleurs, il ne nous reste plus qu’à les remercier pour leur magnifique cadeau avant qu’ils ne reprennent la route vers leur hôtel.
Notre premier boulot du lendemain est de chercher du pain. Nous en trouvons un qui ressemble à une baguette, mais qui est très loin d’en avoir la consistance. Par obligation, plus que par choix, nous nous rabattons sur un bon pain de mie ; c’est mieux que rien ! Nous attendons l’heure de l’apéro avec une réelle impatience. Elle arrive enfin. Je parviens à ouvrir, avec quelques difficultés, l’un des bocaux et partage aussitôt le bloc entre nous deux. Sortant du frigo, le gras est ferme, mais, à peine étalé, il se transforme en une sorte d’huile parfumée qui imprègne la mie et la rend bien meilleure. Chantal boit son Spyen même temps qu’elle déguste son foie de canard. Pour ma part, j’attends d’avoir savouré mes deux tartines avant de commencer à siroter ma bière ; leur association ne constitue franchement pas le menu idéal ! Nous ne remercierons jamais assez Sandrine et Ivan de leur courtoisie… Trop gentils !
Après une journée, hier, à ne rien faire de bien précis, nous attaquons fort celle d’aujourd’hui. Après la soupe matinale, nous partons en moto pour le wat Tham Sua ou de la Caverne du Tigre, réputé pour son temple situé en haut d’un piton rocheux. J’y suis déjà allé deux fois, mais Chantal a abandonné lors de sa seule tentative. Depuis quelques jours, je l’ai travaillée au corps et l’ai convaincu de la tenter à nouveau. Au pied de la montagne, super motivée, elle attaque les premières des 1 237 marches avec la franche envie de réussir. Au fur et à mesure de l’ascension, elle doit de plus en plus souvent s’arrêter reprendre son souffle, comme d’ailleurs le reste des grimpeurs. Tout le monde est exténué : jeunes, vieux, hommes, femmes et même enfants, tous transpirent à grosses gouttes et doivent stopper quelques instants, le temps de récupérer un peu. L’effroyable escalier semble sans fin… Pourtant, la délivrance arrive, presque par surprise, après une dernière terrifiante volée. Époumonée, écarlate, inondée de sueur, mais radieuse, Chantal franchit enfin l’ultime marche. Elle a vaincu la montée infernale ! Nous restons un moment dans le temple contempler le fabuleux panorama qui se déroule devant nos yeux. Puis, un peu angoissée, elle entame la descente comme je le lui ai conseillé : sans s’arrêter. Vingt minutes plus tard, elle parvient en bas, ruisselante ; elle a réussi et en est très fière. Je la félicite chaudement (!) pour son exploit, car c’en est un. Je ne la pensais pas capable d’un tel effort. Cela mérite une récompense : ce sera le second bocal de foie gras… mais que l’on va partager !
Au diner, nous perdons patience sur le marché de nuit de l’embarcadère. Après avoir attendu 45 minutes nos plats et ayant remarqué que des tables arrivées bien après nous étaient déjà servies, nous quittons la nôtre de rage, sans avoir rien mangé. Nous nous vengeons avec un pancake à la banane et avec un grand verre de jus de fruits frais dans des stands voisins. En fait, après l’apéritif au foie gras, cela nous suffit amplement. C’est à dans ce moment de colère refoulée que nous faisons la connaissance d’André de Nuits-Saint-Georges et de son épouse thaïe rigolote, Ou. Nous nous retrouverons désormais pratiquement tous les jours devant le kiosque à jus de fruits. Ce soir, il nous apprend le lâche et l’horrible attentat contre Charlie Hebdo, mais n’en sait pas plus. Avec le décalage horaire, cela vient tout juste de se passer. Nous rentrons vite et écoutons les informations en direct sur France Info une bonne partie de la nuit…
Pour notre dernière journée à Krabi, nous louons une moto et partons pour une balade le long du littoral qui nous mène jusqu’à la belle plage de Klong Muang. À l’écart des trajets de songthaew et, par ce fait, beaucoup moins fréquentée que celles d’Ao Nang, son sable est fin et l’ombre de ses arbres permet de s’y abriter lorsque le soleil devient trop fort. L’eau est limpide et, surtout, le bruit des moteurs des longues-queues ne trouble pas la quiétude du lieu comme ailleurs. Bordée par deux palaces qui dénaturent peu le paysage et accueillant quelques bateaux de pêche dans son anse, elle garde un cachet que beaucoup d’autres plages du coin doivent lui envier. Bref, nous aimons bien y venir lorsque nous avons une moto. Pour finir la journée, nous passons par Ao Nang, engluée dans les embouteillages, et, pour célébrer notre départ demain après-midi, prenons un verre à la terrasse d’un bar fréquenté uniquement par les touristes. Comme quoi, tout arrive !
Nous dinons d’un curry de bœuf et d’un tom yam à notre stand préféré du marché de nuit du week-end avant d’aller saluer une dernière fois Ou et André devant un excellent jus de fruit.
Nous aimons vraiment beaucoup cette région…