Le lendemain ressemble encore à une journée de repos ; c’est qu’on ne récupère plus aussi rapidement qu’auparavant, ma bonne dame ! Pour le petit déjeuner, nous choisissons d’aller manger un musli et boire un café dans un restaurant tout proche de l’hôtel. C’est honnête et cela nous change de notre soupe aux nouilles habituelle. Puis nous nous entassons dans un songthaew pour nous rendre à la plage d’Ao Nang. Les bains de mer finissent de nous réveiller ; nous voilà dorénavant en grande forme. C’est pourtant à ce moment-là qu’un gros nuage noir décide de déverser sur nous son trop-plein d’eau. L’averse ne dure pas longtemps, mais nous oblige à nous réfugier dans un bar tout proche. Le jus à la mangue qu’on m’y sert est tout simplement infect. Heureusement que Michel apprécie sa banane au lait de coco. C’est toujours ça ! Une fois la purge avalée, nous partons tous les quatre faire une balade dans la rue sous le soleil revenu.
Le lendemain, chacun vaque à ses occupations. Les Mimis souhaitant préparer un tant soit peu leur prochain voyage en Birmanie, nous en profitons pour aller visiter en moto de location une pagode chinoise entraperçue lors de notre arrivée à Krabi. Située à quelques kilomètres après l’aéroport, dans le village de Nuea Khlong, celle-ci croule sous les décors kitch et les statues à la peinture dorée plus ou moins écaillée. Nous restons tout de même une petite heure à errer au milieu des couleurs criardes avant de reprendre la balade. La moto ronronne sur la route qui serpente entre des plantations de palmiers et d’hévéas coincées entre les pitons karstiques. Je sens à peine Chantal derrière moi tellement elle se laisse désormais mener sans appréhension. Ma conduite n’en est que plus souple : c’est mieux pour nous deux. Au pied d’une de ces fameuses collines rocheuses, une grotte attire notre attention. À l’intérieur, un Bouddha trône au milieu des stalactites ; dommage qu’une nuée de moustiques s’abatte sur nous dès notre entrée dans la caverne. Comme le soleil brille de tous ses feux, nous passons le reste de la journée allongés sur le sable d’Ao Nang. Revenus à Krabi Town, nous assistons, dans le parc municipal, à des parties de takraw où un jeune joueur fait des étincelles en frappant la balle avec le pied bien au-dessus du filet ; impressionnant !
Ce matin, nous nous levons plus tôt que d’habitude : nous avons l’intention de nous étaler sur le sable fin de Ao Prah Nang et contempler ses fameuses falaises et son non moins célèbre piton rocheux. Sitôt le petit déjeuner avalé, nous nous rendons au port et montons dans un bateau longue-queue pour un trajet d’une demi-heure jusque la plage de Railay. À cause de la marée basse, nous devons sauter de l’embarcation et patauger dans la vase, de l’eau jusqu’aux genoux, avant d’atteindre le rivage une centaine de mètres plus loin. De là, nous empruntons un sentier qui longe la falaise et débouche juste en face de la cavité spectaculaire qui a tant fait pour la renommée d’Ao Prah Nang. Nous restons un moment regarder les grimpeurs de toutes races et de tous âges s’adonner à leur sport favori sur les parois calcaires aux formes bizarroïdes qui semblent dégouliner jusqu’au sable. Malgré l’heure plutôt matinale, il n’est que 9 h 15, il y a déjà foule sur la plage. Nous n’y avions encore jamais vu autant de monde, mais il faut avouer que l’endroit est idéal pour venir passer Noël au chaud. Une armada de bateaux rapides et d’embarcations locales a commencé à déverser son flot de visiteurs. Ceux-ci ne resteront qu’une petite heure, tout au plus, avant de poursuivre vers d’autres lieux, tout aussi paradisiaques, des îles de la baie. Malheureusement pour nous, le flux ne s’interrompra pas de la journée ; le bruit des moteurs, amplifié par la configuration de la crique, ne cessera pas de nous « bercer » ! Le soleil brille dans un ciel absolument bleu en cette matinée. Après un premier bain, alors que les filles préfèrent se prélasser sur leurs serviettes, Michel et moi partons faire un tour. Au bout de la plage, deux grottes abritent des centaines de phallus en bois, de toutes les tailles, regroupés autour d’un autel. Nous nous gaussons des nombreuses femmes se faisant photographier au milieu ce décor plutôt insolite. En début d’après-midi, de vilains nuages noirs apparaissent à l’horizon et ce qui devait arriver arriva : une averse d’une violence inouïe s’abat sur nous en quelques secondes. Nous trouvons un refuge dans une caverne déjà occupée par un jeune couple d’Américains très sympa avec lesquels nous discutons le temps de l’orage. Un varan de deux bons mètres passe au ras de nos têtes, agrippé à une grosse racine. Ni les uns, ni les autres ne l’avons vu venir. Pour éviter d’avoir froid, Michel préfère aller se baigner ! Il a raison, car avec la pluie et le vent qui s’est levé la température de la mer semble très proche de celle d’un bain. Nous qui avons les pieds dans l’eau pouvons en témoigner : elle nous réchauffe ! La journée de plage paraissant désormais fichue, nous choisissons de rentrer sur Ao Nang en bateau-taxi (bateau-bus serait plus approprié), puis sur Krabi en songthaew après nous être épongés et changés sur le trottoir d’Ao Nang. Chantal est même arrivée à l’hôtel avec la robe enfilée à l’envers : épique et drôle ! Au moment de l’apéro, pour fêter cela, nous trinquons à notre santé en nous goinfrant de fretin séché…
Le lendemain soir, c’est la Saint-Sylvestre. Pour être en forme pour le réveillon, chacun gère son emploi comme il l’entend. Pour nous narguer, le ciel reste bleu toute la journée. Nous avons vraiment choisi le mauvais jour, hier, pour aller à Ao Phra Nang. Tant pis ! Nous nous retrouvons tous les quatre pour la Chang et le Spy apéritifs. Michel, déjà en verve, nous raconte quelques bêtises, histoire de nous mettre dans l’ambiance. Puis un songthaewnous emmène à Ao Nang et nous dépose devant le « Hippie Bar » où nous avons réservé une table il y a quelques jours. Le restaurant se remplit doucement. Michèle commande un cocktail et Chantal une bière, comme Michel et moi. Nous tenons tous les quatre la grande forme. Un groupe de musiciens entame une série de morceaux rock et folk que tout le monde connait. Une ambiance franchement sympa règne dans cet établissement, fréquenté surtout par les jeunes. C’est d’ailleurs pour cette atmosphère décontractée que les Mimis qui l’avaient déjà testé l’année passée nous l’ont conseillé. En ce 31 décembre, nous choisissons un repas de fête… mais local : poulet aux noix de cajou, green curry et coupe de glace avec banane et coco. Sans être transcendante, la cuisine est tout de même très honnête. À minuit, tout le monde se lève pour se souhaiter une bonne année 2015 et un spectacle de feu débute. Inutile de préciser que la bière a coulé plus que de raison. Sur la piste, où seulement quelques personnes évoluent, je m’éclate comme un malade en dansant le rock avec Michèle et je suis tout surpris lorsque le taxi que Michel, très prévoyant sur ce coup-là, a réservé ce matin à Krabi Town arrive nous chercher vers 2 h 30. Une demi-heure plus tard, nous avons tous les quatre regagné notre chambre pour une courte nuit, mais un sommeil profond. L’année a bien débuté ! D’ailleurs, il parait que je n’arrêtais pas de le dire dans la voiture tellement j’étais content…
Nous passons la journée du Nouvel An vautrés sur nos serviettes sur la plage de Noppharat Thara. Nous étions fiers de la faire découvrir à nos amis, mais nous devons désormais revoir notre jugement. En un peu plus d’une année, l’ilot qu’on atteignait avec de l’eau jusqu’aux genoux est devenu plat, a perdu son beau sable fin et il est presque impossible de s’y baigner à marée basse tant la profondeur est faible. Quelques tempêtes ont dû passer par là. Dommage !
Le lendemain après-midi, les Mimis nous quittent. Ils prennent le bus pour Bangkok d’où ils décolleront pour Rangoon, en Birmanie. Cela va nous faire drôle de nous retrouver tous les deux. Mais nous avons de nouveau rendez-vous bientôt avec eux, à la mi-février, à Bali. Un peu tristes, nous nous réconfortons auprès de notre marchande de tom yam et de chicken curry préférée du marché de nuit du week-end. Cette fois encore, la joie de notre estomac l’emporte sur tout le reste…