Un minivan vient nous chercher à 16 h 30 devant l’hôtel pour nous déposer deux heures plus tard dans un trou perdu près de Surat Thani. On y attend pendant plus d’une heure le bus de nuit qui va nous emmener à Bangkok. N’ayant rien mangé depuis ce matin, nous avons l’estomac plus bas que les talons, si cela est possible. Le car ne fait sa première halte qu’à minuit pour un repas dans un restaurant assez minable, mais où l’assiette dechicken curry nous remonte la panse au niveau du genou ! Ce sera suffisant pour survivre jusqu’à Bangkok que nous atteignons aux premières lueurs du jour. Tirant nos bagages, nous effectuons un bon kilomètre avant d’arriver à l’arrêt de bus près du Palais Royal. De là, nous gagnons notre hôtel en une vingtaine de minutes. Pour cette fois, nous avons la possibilité d’occuper une chambre Economy, sans TV et sans frigo. Autant dire que le choix est vite fait. Par contre, nous devons patienter deux heures dans la salle de restaurant où le buffet de petits déjeuners est dressé. Nos ventres affamés ont du mal à supporter la torture que la vue des jus, yaourts, fruits, œufs, céréales, toasts grillés, salades et légumes frais leur impose. Dur, dur. Très dur ! Mais le prix demandé pour pouvoir en profiter ne correspond pas à notre budget : trop élevé par rapport aux soupes des stands de rue locaux. Mais demain matin, nous nous vengerons, car il est compris dans le tarif de la chambre. Par comparaison avec ceux du quartier routard, notre hébergement devient, d’un coup, un plan très correct pour la capitale.
Nous laissons malgré tout notre faim en suspens et filons en métro à Empire Tower où le service d’après-vente Nikon fait des miracles. Je dépose mon appareil pour y refaire le grip qui n’a pas supporté les grosses chaleurs marocaines, malaisiennes et thaïlandaises. Nous devrons venir le rechercher en fin d’après-midi. Pour l’instant, nous nous précipitons dans un food courtrepéré juste avant de pénétrer dans la haute tour luxueuse et moderne qui accueille, entre beaucoup d’autres, les bureaux du constructeur photographique japonais. Nous nous y délectons d’une soupe aux nouilles et au porc, délicieuse et très bien servie. Nos forces revenues et, avec elles, notre bonne humeur, nous retournons vers le quartier de Siam à pied. Là-bas, nous nous abritons du soleil dans les nombreux centres commerciaux climatisés. La journée passe tranquillement et vers 15 h 30 nous reprenons le chemin vers le service après-vente Nikon. Une heure plus tard, la jeune fille de l’accueil me remet un D700 rutilant dans son habit de caoutchouc tout neuf. Je suis ému de le retrouver si beau et plus du tout enlaidi par le gros élastique qui retenait le grip décollé. De joie, nous entamons, une nouvelle fois à pied, le retour vers l’hôtel ! Lorsque nous nous couchons, après un souper pris dans une cantine de trottoir, nos jambes endolories qui ont arpenté les rues de la capitale sur une quinzaine de kilomètres dans la chaleur étouffante nous rendent grâce de les laisser enfin se reposer…
Par vengeance donc, pour le petit déjeuner de ce matin, nous nous goinfrons de toasts, cakes, yaourt, œufs, céréales, fruits et jus de fruits. La panse bien pleine, nous filons aussitôt à l’ambassade d’Indonésie pour tenter d’obtenir nos visas de deux mois pour Bali. Une fois les papiers remplis et les 100 dollars US réglés, la jolie jeune femme qui s’occupe de notre cas nous donne rendez-vous entre 14 heures et 15 heures pour que nous venions récupérer nos passeports. Entre temps, nous allons retenir deux places pour ce soir dans un bus de nuit pour Chiang Mai. Les billets en poche, il ne nous reste plus qu’à retourner à l’hôtel boucler nos sacs et patienter jusqu’à 14 heures.
Lorsque mon tour arrive, la jeune fille qui m’a reconnu me regarde d’un air étonné. Et elle a de quoi : je viens tout bêtement trois jours trop tôt ! Ni Chantal, ni moi n’avons pris la peine de lire la feuille qu’elle nous a remise ce matin. La date y est indiquée en gros caractères ! Tant pis pour nous, même si elle ne nous l’a pas signalé, nous aurions dû faire plus attention. Nous qui pensions être des routards aguerris sommes désormais obligés de repasser par Bangkok après notre escapade dans le Nord. Qu’à cela ne tienne, nous assumons notre erreur dans un grand sourire (j’ai appris la zénitude au cours de ces années de voyage en Asie !). Puis, pour tuer le temps, nous retournons deux heures dans le lobby de l’hôtel surfer sur internet, puis, en prévision de notre trajet de nuit, allons manger un excellent pad thai dans un food court près de la station de métro. Le train aérien qui survole les rues encombrées nous arrête peu après au bord d’une artère où deux policiers sympas nous conseillent sur le bus à prendre pour nous rendre à la gare routière. Quand celui-ci se présente, ils lui font signe de stopper pour que nous puissions grimper sans souci. L’un d’eux nous aide même à monter nos sacs à l’intérieur, puis agite la main en guise de salutations lorsque le car démarre ; chose complètement improbable chez nous. Merci monsieur l’agent !..