Le taxi nous dépose juste à l’entrée du gîte choisi avec un peu de difficulté sur Booking ; l’appellation des établissements hôteliers se plagiant, j’en avais par erreur réservé un autre, pratiquement du même nom, mais éloigné du centre historique de plus de 5 kilomètres. J’avais dû faire une demande de changement, heureusement pour nos jambes, accepté.
En consultant nos archives, nous nous apercevons que nous ne sommes pas revenus à Malacca depuis tout juste cinq ans. Nous avions parié tous les deux pour seulement trois ans. Comme les années défilent vite ! Nos artères prennent un sérieux coup en réalisant la chose !
Après avoir changé de chambre, la première ne correspondant que vraiment trop peu à la description faite sur le site de réservation, nous partons à la redécouverte de la ville. Nous y retrouvons très rapidement nos repères, le centre historique ayant assez peu évolué depuis notre dernière visite. En revanche, les magasins de la spécialité locale que sont les biscuits à l’ananas, les boutiques de souvenirs, les cafés et restaurants de caractère se succèdent désormais tout le long de la rue Jonker, l’artère la plus fréquentée. Ce soir s’y déroule le marché de nuit toujours aussi animé : autour d’une scène installée à demeure, les stands de nourriture rivalisent de créativité pour attirer le badaud. Malheureusement pour nous, essentiellement occupées par une clientèle locale et asiatique, les tables débordent de déchets, d’assiettes plus ou moins terminées entassées les unes au-dessus des autres, de verres à moitié pleins. De ce fait, nous préférons nous rabattre sur le restaurant indien installé tout près de notre ancien logement. En chemin, nous faisons la connaissance de Fred, un baroudeur français qui a plus de 80 000 kilomètres en vélo autour du monde dans les jambes, et de sa compagne japonaise qui se régalent avec un plat de crabe bien appétissant. Mais, en vue de notre prochain séjour au Japon, nous ne cédons pas à leur invitation et filons nous sustenter d’un chicken masala, certes moins ragoûtant, mais beaucoup plus accessible à notre bourse !
Après enfin une nuit passée dans le calme, nous emplissons nos assiettes au buffet des petits-déjeuners compris dans le prix de la chambre, chose rare pour nous en Malaisie. Nous en profitons pour redécouvrir avec un plaisir non feint les toasts tartinés de beurre et de miel, les œufs, les saucisses, les beans, les bonnes frites et le café malais toujours excellent, fort et parfumé. Ça nous change des soupes aux nouilles et des roti pisang.
Sous un ciel gris, mais d’humeur joyeuse, nous prenons la direction de Kampung Morten, le quartier des maisons anciennes en bois que la ville a apparemment décidé de sauver de la destruction. Pour nous y rendre, nous suivons les berges aménagées à la malaisienne, c’est-à-dire n’importe comment, de la rivière qui traverse la ville. Contrairement à celles de Penang, les peintures murales déjà présentes lors de notre dernier séjour ont assez bien résisté aux années et, seules, quelques-unes ont souffert du climat local très humide. Au détour d’un méandre, les vieilles maisons typiques nous apparaissent telles qu’elles étaient il y a cinq ans. Quelques rideaux ont tout de même été changés. La perspective du site a par contre beaucoup évolué. Tout autour, de hauts immeubles en béton ont jailli de terre et enfoncent un peu plus le quartier dans son isolement, même si la plupart des habitations ont été transformées en maisons d’hôtes. D’un point de vue purement photographique, le contraste entre le moderne et l’ancien propose des angles intéressants, mais je dois tout de même avouer que le panorama est en partie gâché par ces barres d’immeubles. Et que dire de cette tenace odeur de béton que nous n’avons jamais respirée ailleurs qu’en Malaisie ?
Pour fuir la chaleur et le soleil revenu, nous courons nous abriter dans une vieille maison chinoise, la Baboon House, où nous adorions venir prendre un café. Malgré le monde, nous retrouvons « notre » table, près du bar. Fréquenté par une clientèle asiatique qui se goinfre de la spécialité du lieu, les hamburgers, il a su garder son décor associant galerie d’art, béton et plantes vertes et ce côté bobo qu’on aime retrouver de temps en temps. Le jeune patron qui a désormais coupé ses cheveux longs vient nous servir un excellent café local que nous sirotons tranquillement en écoutant d’une oreille distraite une discrète musique jazzy. Le WiFi marchant très bien, je l’utilise immédiatement pour acheter les billets d’avion pour le Japon. Voilà une bonne chose de faite !
Je profite de notre présence à Malacca pour m’habituer à mon nouvel appareil. L’apprentissage se révèle fastidieux avec tous les boutons avec lesquels je dois me familiariser. Les premiers résultats encourageants arrivent néanmoins, mais je prends encore trop de temps avant de déclencher. Les photos sur le vif ne sont vraiment pas d’actualité ! Même si les fichiers RAW du Sonyprésentent une très bonne qualité, la petite taille de son capteur les pénalise par rapport à ceux obtenus avec le Nikon. Il faut que me fasse une raison, je ne pourrai jamais tout avoir, mais, au moins, je n’ai plus mal à l’épaule ! Et ça, c’était devenu primordial pour moi… Avec Chantal, je pars m’exercer dans le cimetière chinois perché sur une colline, puis sur la place du quartier colonial de Bukit Saint-Paul avec ses nombreux bâtiments de couleur rouge avant de terminer la séance du côté de la Porta de Santiago, seul vestige de la forteresse construite par les Portugais. Je sens qu’il me faudra encore plusieurs jours pour maitriser un peu mieux tous les réglages ou du moins ceux dont j’ai régulièrement besoin…
Après quatre journées bien remplies dans les rues de cette ancienne ville-carrefour des routes maritimes reliant l’océan Indien à la mer de Chine, nous savourons un dernier petit-déjeuner avant de nous rendre directement à l’aéroport de Kuala Lumpur depuis la gare des bus de Malacca.
Maintenant direction Bali !…