Six heures après avoir quitté notre hôtel de Penang, nous nous présentons devant le réceptionniste de celui où nous avons l’habitude de loger dans la capitale. Il nous reconnait au premier coup d’œil et nous attribue la même chambre que la dernière fois. Nous apprécions son geste. Nous lui avions en effet demandé à en changer lors d’un séjour antérieur à cause d’une salle de gym située juste au-dessus de nos têtes qui fermait tard le soir. Cette fois, encore plus que d’habitude, nous avons besoin de calme. Nous espérons seulement que nos voisins ne gâcheront pas notre sommeil.
Alors que nous commençons une promenade en ville, une grosse averse nous oblige à nous abriter une heure durant sous l’auvent d’une entrée d’hôtel. Les scènes comiques de gens se faisant arroser par les voitures nous aident à passer ce moment. Ceux qui nous amusent le plus sont les fameux ladyboys, ces travelos malais qui semblent s’être reproduits de façon exponentielle ces dernières années. Effarouchés par la moindre goutte d’eau qui pourrait ruiner sur leur maquillage, ils poussent de petits cris aigus en pressant maladroitement le pas, mais trouvent tout de même le moyen de dandiner du derrière tout en me surveillant du coin de l’œil. Des fois que… !
Nous reprenons la balade dans Bukit Bintang et vers le Low Yat en particulier. Je n’imagine pas un séjour à Kuala Lumpur sans un détour par ce temple de l’électronique. Pour une fois, je me cantonne au rez-de-chaussée et file directement au magasin Apple. Chantal me suit sans broncher ; elle aussi aime bien cette boutique. D’ailleurs, à peine entrée, elle part d’emblée s’amuser sur un mini iPad 4. Ce qu’elle ne sait pas encore, c’est que celui-ci va lui appartenir dans quelques minutes, le temps pour moi de le commander au jeune vendeur dans sa couleur préférée. Une minute plus tard, celui-ci présente à une Chantal qui n’en croit pas ses yeux son nouveau jouet. Je suis content de l’effet produit. Son vieux modèle montrant ses premiers signes de lassitude après six années d’intense activité, j’y pensais depuis quelques semaines déjà et avais une forte envie de la surprendre. Les papiers de la détaxe douanière remplis, nous allons diner dans l’un de nos restaurants préférés où la jeune patronne dynamique nous reconnait de loin et nous fait de grands signes de la main avant de venir prendre la commande. Pour nous, c’est facile : un murtabakpour Chantal et un butter chickenpour moi. Comme d’habitude…
Inutile de préciser que nous passons la soirée à personnaliser et télécharger sur le nouvel iPad tout ce qu’il y avait sur l’ancien. Excitée comme une puce, Chantal ne parvient à s’endormir qu’à 2 h 30. Une gamine !
Je ne le sais pas encore lorsque je me lève le lendemain, mais cette journée va une nouvelle fois alléger mon compte en banque. Partis en vadrouille dans le quartier derrière le Low Yat, nous retrouvons le magasin où j’avais acheté mon dernier appareil photo, un Nikon D700 que je vais devoir changer un jour, son poids étant devenu rédhibitoire. Je ne supporte en effet plus sa lourdeur ni celle de ses objectifs sur mon épaule à jamais douloureuse. À cause de cet inconvénient majeur, la corvée s’est substituée au plaisir de photographier. En orientant mon choix vers un bridge, je pense être en mesure de retrouver un certain enthousiasme. Ayant lu d’excellentes critiques sur le Sony RX10M3 ou M4, je demande au vendeur de pouvoir le tenir dans les mains. Le modèle qu’il me présente me parait tellement léger alors qu’il dépasse allègrement le kilo que je suis immédiatement séduit. Il me reste à le négocier, les prix affichés n’étant jamais définitifs, mais la discussion s’interrompt vite à cause de produits manquants, tels un chargeur externe et une batterie supplémentaire. Déçu, je quitte la boutique pour aussitôt me rendre chez Sony aux Tours Petronas. Une jeune fille adorable aux allures de garçon nous y accueille et nous fournit tous les renseignements voulus. J’opte raisonnablement pour le RX10M3 dont la valeur a chuté en raison de la sortie récente du M4, modèle très semblable, mais que la grosse différence de prix rend peu intéressant à mes yeux. La dynamique vendeuse me le propose à un tarif encore plus serré que celui du premier magasin, m’accorde en plus une ristourne sur la batterie et le chargeur, puis, pour finir, m’offre l’étui et une carte mémoire de 64 Go. En comparant ce pack avec celui de tout à l’heure, je gagne plus de 220 euros. Comme hier le gars de chez Applepour le Mini iPad de Chantal, elle me remplit un papier qui nous permettra de récupérer plus de 85 euros de taxes à l’aéroport au moment de l’embarquement vers Bali. Il y a vraiment des opportunités qu’il ne faut pas manquer. Il ne me reste plus qu’à le triturer dans tous les sens pour apprendre à m’en servir, l’électronique omniprésente étant une chose un peu révolutionnaire pour moi. En sortant du magasin le sac à l’épaule (pas la douloureuse, l’autre !), je croise les doigts pour ne pas être déçu.
Inutile de préciser que je passe la soirée à prendre en main et tenter de personnaliser mon nouveau jouet. Excité comme une puce, je ne parviens pas à m’endormir avant 3 h. Un gamin !
Pour nous remettre tous les deux de nos émotions, nous partons le lendemain matin vers le quartier tout juste rénové autour de la place Merdeka tester nos nouveaux matériels. Tandis que Chantal retrouve ses sensations, je patine comme un débutant sur le mien. Je sens poindre quelques désillusions futures ! Je prends tellement de temps à chaque cliché que je décide de passer en programme Autoce que je n’avais jamais fait auparavant. Les premières photos « regardables » arrivent aussitôt dans le viseur électronique et sur l’écran de contrôle. Je ne testerai un nouveau réglage (concluant !) qu’en fin de journée, dans le quartier musulman où Chantal fait l’effet d’une extraterrestre avec sa chevelure découverte et son ticheurte sans manches !
Tandis qu’elle regarde un film sur son iPad, j’étudie sur l’écran de mon ordinateur les résultats de cette première journée et conclus par un piteux « dois mieux faire ! »