Ketut et Wayan qui sont venus nous chercher à Denpasar ont patienté une heure de plus avant de nous emmener dans leur guesthouse d’Ubud. À cause d’un gros orage d’après-midi au-dessus du KLIA 2, notre Airbus A320a en effet décollé avec une heure de retard. En plus, contrairement aux autres fois où nous les avions déjà en poche, nous avons dû, dès la sortie de l’avion, passer par le guichet de l’émigration pour y faire nos visas. Avant de retrouver notre chambre et aussi pour nous faire pardonner, nous leur offrons un lawardans un restaurant local de leur connaissance.
Après le boucan malaisien, nous revoilà enfin « chez nous », au calme ! Du moins, nous l’espérons : cela dépend en fait de nos voisins de chambre. Ce soir, nous n’en avons pas et nous nous endormons tous les deux sitôt couchés… Alléluia !
Première journée à Ubud et premier achat ! En allant réserver une moto chez Mako, je tombe complètement par hasard sur un bermuda Levi’s 505 en jean. Même avec, et ce n’est pas certain, une taille de trop, le 30 au lieu du 29, je n’hésite pas une seconde devant le prix soldé. Comme le stipule une publicité bien connue : il faudrait être fou pour dépenser plus !
Avec l’argent ainsi économisé, j’achète un casque de moto, aucun de ceux de notre loueur attitré ne possédant de visière. Et conduire sous les trombes des orages tropicaux, aussi courts soient-ils, avec des lunettes peut très vite devenir dangereux. Pour notre première promenade motorisée, nous partons du côté de Tegallalang où le défilé des ogoh-ogoh doit avoir lieu ce soir. Nous trainons toute la matinée dans les villages des environs avant de nous arrêter vers 15 heures sur le terrain où ils sont regroupés avant la parade nocturne. Cinq d’entre eux nous impressionnent plus particulièrement par leur taille et leur expression. Avec nos nouveaux jouets, nous les mitraillons sous tous les angles. Chantal ne parle qu’en superlatifs de son iPadtout neuf, mais je tâtonne encore pas mal avec les réglages de mon Sony. Tandis que je me creuse les méninges, je tombe sur le photographe britannique Jonathan Copeland que je croise très souvent lors de célébrations à Ubud. Tout comme moi, il vient de remiser son ancien équipement Canon, trop lourd à son goût, pour se satisfaire désormais d’un hybride Fujifilm d’excellente renommée qu’il est en train d’apprivoiser. Lui aussi retrouve le plaisir du déclenchement. Comme quoi, le matériel doit surtout être adapté aux moyens physiques du photographe. Ce n’est pas moi qui dirai le contraire !
Comme à chaque fois que nous séjournons à Bali en cette période, nous nous rendons à Munggu, village près du site de Tanah Lot, où les jeunes gens fabriquent les ogoh-ogoh parmi les plus impressionnants et les plus jolis de toute l’ile. Cette fois encore, ils ne dérogent pas à la règle, même si leur réalisation nous parait un peu moins compliquée que celle de l’année dernière par exemple. Toujours abrités pour la plupart d’entre eux sous des bâches bleues qui gênent la vue et polluent les couleurs, nous nous attardons près de ceux qui viennent d’être sortis et exposés sur le bas-côté de la rue. De jeunes hommes en profitent pour mettre en place les éclairages pour la parade de ce soir et une grande activité règne autour de chaque monstre. De gros nuages qui s’amoncellent au-dessus de nos têtes nous obligent à interrompre la balade et éclatent au moment où nous trouvons un endroit où nous abriter. Coup de chance, il s’agit d’un bar local qui sert de bons jus de fruits frais. Nous dégustons chacun le nôtre le temps de l’averse et discutons tranquillement avec le jeune patron. Lorsque nous repartons une heure plus tard, les ogoh-ogoh ont regagné leur abri et, devant la météo incertaine, nous décidons de ne pas attendre le défilé et de retourner à Ubud par le chemin des écoliers.
Après les extravagances de Munggu, Ubud nous parait bien fade et son cortège dans le noir total déçoit un grand nombre de spectateurs étrangers entassés sur les trottoirs de la rue principale. Nous les comprenons. Quant aux petits Balinais qui participent à la parade, ils chantent en promenant leurs monstres de papier mâché et prennent beaucoup de plaisir.
Le lendemain, c’est sans aucun doute le jour que nous apprécions le plus à Bali, celui de Nyepi, le Nouvel An balinais. Pas un son de moteur, pas un bruit parasite ne viennent troubler la quiétude de cette date si particulière et certainement unique. Nous entendons réellement le silence. Il pénètre jusqu’au plus profond de nous. Population locale et touristes, tout le monde doit rester cantonné chez soi. Cette année, et pour la première fois, les connexions internet de l’ile sont coupées durant 24 heures. Le calme absolu. Après le boucan infernal de la Malaisie, nous apprécions d’autant plus… Nous passons en fait le temps à manger ce que Ketut nous prépare tout au long de la journée : petit déjeuner comme d’habitude, puis, à 9 heures, gâteaux de riz cuits dans des feuilles de bananier, excellents mais un peu bourratifs, le midi grande assiette de lawar ayam avec riz et légumes, l’après-midi regâteaux et, enfin, pour le diner un nasi campur bien garni. Lorsque nous nous couchons le soir, nous arborons tous les deux une bedaine bien rebondie !