Un pousse-pousse nous emmène de l’hôtel à la gare routière de Manakara. Malgré notre réservation d’hier, nous n’avons pu avoir que les places derrière le chauffeur. Nous nous en contenterons, d’autant plus qu’elles nous semblent un peu plus larges que d’ordinaire. J’ai en plus l’opportunité de pouvoir allonger presque normalement les jambes. Ce ne sera pas un luxe pour un trajet qui va durer la journée jusqu’à Fianarantsoa.
Après un paysage désertique et souvent brûlé où la reforestation a du souci à se faire, nous traversons au son des tubes de Mike Brant, Gold, Frédéric François et Joe Dassin quelques endroits vraiment jolis comme lorsque la route serpente le long d’une rivière dans le parc Ranomafana. Le chauffeur doit même éviter un gros caméléon vert posté au milieu de la chaussée. Dommage, nous passons du mauvais côté pour la photo ! Il sera le seul que nous avons vu durant notre séjour. Avec les lémuriens, ils n’étaient de toute manière pas notre priorité : il en reste plus dans nos zoos que dans la forêt malgache en perdition ! Les makis que les visiteurs des parcs aperçoivent sont pour la grosse majorité nourris par les guides et presque apprivoisés. Il en subsiste très, très peu à l’état sauvage proprement dit. Les plus pessimistes envisagent même leur extinction dans les 25 prochaines années.
Nous débarquons avec une certaine appréhension dans l’effroyable gare routière de Fianarantsoa. Avec d’odieux rabatteurs sur les talons, je dois me rendre à trois guichets différents pour obtenir à des conditions acceptables des places pour Antsirabe demain matin. Les « vrais » billets en poche, nous retrouvons avec bonheur notre chambre et dinons en compagnie de Jean-Luc et sa femme, des voyageurs français sympas rencontrés ici même il y a une semaine et recroisés à Manakara…
Lorsque le chauffeur rondouillard s’assoit à côté d’elle, Chantal se demande soudain si elle aura assez d’aise. Mais le gars la rassure très vite, conduit très bien et sans la gêner du tout. Peut-être en guise de remerciement, elle lui offre des bonbons durant tout le trajet ! Quant à moi, pas de souci, j’ai toute la place nécessaire. Profitant d’une pause déjeuner dont nous nous passons, tandis que Chantal reste près du taxi-brousse, je m’aventure dans le village où se déroule le marché. Les gens sont habillés de façon très colorée et je prends encore une fois une quantité de photo impressionnante pour si peu de temps passé. Mais à part quelques-unes, la majorité terminera à la poubelle. Qu’il est difficile de saisir une foule comme on aimerait et rendre la scène intéressante ! Peu avant Antsirabe, nous apercevons un taxi-brousse couché au fond d’un ravin. Des occupants sont en train de remonter comme ils le peuvent. Tous ? Notre conducteur redouble de prudence. Chantal lui redonne un bonbon ! Du coup, on a droit à Mike Brant et Clo-Clo !…
Comme à Fianarantsoa, nous retrouvons notre hôtel d’Antsirabe avec joie. Mais pour cette fois, on nous attribue une chambre, exactement la même que l’autre, mais située à l’étage et donc plus claire. Après deux jours de transport, nous éprouvons le besoin de souffler un peu. En conséquence, nous décidons de séjourner trois nuits dans cette localité que nous apprécions. Cela ne pose aucun problème à Pascal, l’ancien Tourangeau, qui se plaint d’un début de saison trop calme. N’empêche qu’il nous invite à aller prendre le petit-déjeuner en ville. En ce jour de vote présidentiel, beaucoup de boutiques vont rester fermées et il n’a pas grand-chose à nous proposer. Nous ne le regrettons pas : l’adresse de la pâtisserie qu’il nous a conseillée regorge de monde : des vazahaspour beaucoup, mais aussi des Malgaches aisés comme notre voisin qui connaît bien la France pour y avoir été joueur de basket professionnel avant de devenir médecin et revenir à Madagascar. Costaud et très sympa le gars dont j’ai oublié le nom ! Le petit-déjeuner se révèle excellent avec un grand verre de chocolat chaud, de bonnes viennoiseries, des œufs au plat cuits à point et un sublime jus de mangue frais ; le tout pour 0,50 € de plus qu’à l’hôtel. Dommage pour Pascal, mais nous y reviendrons les deux autres matins et croiserons le même ex-joueur de basket qui nous fera bien rigoler. À ma demande des résultats du premier tour de l’élection d’hier, il nous rétorque : « Aux USA, vous obtenez les premières estimations une heure après la clôture des bureaux de vote. En France, il vous faut patienter deux heures. À Madagascar, on les connait six mois avant ! » Il rit à peine…
En vélo-pousse, nous nous rendons à la gare routière réserver des places dans un taxi-brousse pour Morondava. J’insiste pour obtenir les deux sièges devant. On me les promet, mais le préposé prend tout de même mon numéro de téléphone au cas où. Le lendemain, un SMS m’apprend que nous serons malheureusement casés derrière lui. En réponse, je somme le gars de respecter
son engagement. Une petite demi-heure plus tard, un second message me confirme la sélection initiale : nous serons bien installés devant comme prévu au départ. Non, mais !…
Au diner, nous profitons du large choix de viande du Flowers pour nous régaler encore et encore de zébu : émincé au miel et filet mignon le second soir, puis cari aux épices et steak aux baies rouges le dernier. Nous regrettons du coup d’avoir mangé le premier jour au Zandina qui est cher par rapport au contenu décevant des assiettes. Et puis, la qualité du service au Flowerssurclasse de loin celui que Pascal nous avait pourtant chaudement recommandé.
Le matin, après le petit-déjeuner, nous allons traîner dans les endroits que nous avons préférés lors de notre premier séjour. Hormis le jour de l’élection, une animation plaisante règne dans le centre-ville. Des étals de trottoir proposent fruits et légumes de qualité. Nous prenons quelques jolies photos de cette calme effervescence. En bordure de rue, les jacarandasou flamboyants bleus ajoutent à la gaieté du quartier avec leurs milliers de fleurs mauves.
Le temps passe vite. Nous devons déjà plier bagage.
Demain, direction Morondava et ses baobabs !…