Alain Diveu
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Madagascar : Ambositra

25/10/2018

Le réveil sonne à 5 heures ce matin, car nous devons refaire les sacs et avaler le petit-déjeuner avant de prendre un vélo-pousse à 8 heures pour la gare routière. Le pauvre gars pédale 3 kilomètres en nous tirant avec nos bagages. J’ai honte de lui tendre les 2 000 ariarys, soit l’équivalent de 0,50 €, négociés tout à l’heure. Mais le propriétaire de l’hôtel nous avait demandé de ne pas donner plus.

Nous attendons là deux bonnes heures avant que le taxi-brousse, après plusieurs faux départs, démarre pour de bon. Nos bagages sont chargés sur le toit au milieu des gros sacs de riz, d’un vélo, de pneus, de paniers cousus en guise de fermeture et une bâche attachée méticuleusement recouvre la cargaison hétéroclite. Nous avons de la chance, le chauffeur nous attribue les meilleures places : devant, à côté de lui. Trois petits mômes à qui nous avons distribué des bonbons tout à l’heure nous font des signes du bras aussi longtemps qu’ils nous voient. Trop mignons !

La Nationale 7 plutôt bien entretenue malgré quelques passages à nids de poule traverse une jolie région où le rouge des Hautes Terres domine. Seul le vert des rizières ou des trop rares arbres encore sur pied vient de temps en temps perturber l’uniformité des tons. Ambositra notamment connue pour être la capitale de l’artisanat malgache est célèbre pour la marqueterie et les sculptures sur bois. Le travail puise ses origines dans l’art zafimaniry, du nom d’une peuplade des forêts de la région qui utilisait des essences rares comme le bois de rose et le palissandre. À voir les montagnes pelées environnantes, ou celles qui sont aujourd’hui en flammes, je doute fort de la sauvegarde de la marqueterie dans le coin.

Un pousse-pousse monte nos bagages depuis la gare routière jusqu’à notre hôtel. Malgré la rue qui grimpe, nous avons du mal à suivre. Nous n’avons en effet pas eu le courage de prendre place dans la carriole, même si nous avions négocié le tarif comme s’il allait nous hisser jusque là-haut. Nous soufflons plus fort que lui lorsque nous arrivons à destination. Un kilomètre de grimpette à courir derrière un gars entrainé, ça use ! L’hôtel ne peut nous loger qu’une nuit. Demain, nous serons donc obligés d’en trouver un autre. Pour l’instant, nous prenons vite une douche après la suée que nous venons d’avoir et partons aussitôt en ville.

Tout près, un magasin Orange, très couleur local, propose des téléphones et des abonnements. Après réflexion, nous décidons d’acheter un mobile pour pouvoir réserver nos chambres plus facilement qu’avec internet qui fonctionne lorsqu’il le peut à cause des fréquentes coupures électriques ou quand il en a envie. L’appareil tout neuf nous revient à un peu moins de 15 euros avec la carte SIM et l’abonnement mensuel de deux heures, renouvelable ou pas. Alors, pourquoi hésiter ? Nous ne faisons désormais plus partie des rarissimes qui n’avaient jamais eu de mobile à eux même si durant nos passages en France notre fils Maxence nous prêtait l’un des siens. Avant de quitter le magasin, je dois d’ailleurs me faire expliquer le fonctionnement plusieurs fois, ce qui amuse énormément la jeune vendeuse et son acolyte. Trêve de plaisanterie, j’espère que nous saurons nous en servir !

Pour fêter l’événement, nous commandons chacun une grande THBdans un restaurant très local, le Ny Tanamasoandro, avant de nous goinfrer de brochettes de zébu grillées accompagnées de pommes de terre et de légumes sautés, puis, en guise de dessert, de bananes flambées. Repus, nous sommes repus !

Le lendemain matin, nous bouclons une nouvelle fois les sacs pour emménager dans l’hôtel le plus ancien d’Ambositra. Les chambres simples, mais très correctes, ont été joliment rénovées. Notre fenêtre donne sur la cour d’une habitation locale où les coqs sautent sur toutes les poules qui bougent et poussent des cocoricos à n’en plus finir. On voulait fuir le bruit de la ville : on est servis !

Pendant que Chantal part faire un tour, je m’attèle à l’écriture de notre séjour à la Réunion. J’ai un retard fou que je n’arrive pas à combler. À ma décharge, je visite durant la journée et suis très occupé le soir par le tri et l’archivage des photos. J’en ai toujours entre 400 et 600 à visionner. En général, j’en jette le tiers et classe le reste par lieux, par catégories et par nombreux mots-clés. Après une grosse séance de prise de vue, il n’est pas rare que je me couche vers 3 ou 4 heures du matin et, à cette heure-là, je n’ai évidemment plus envie d’écrire une ligne. Le retard s’accumule donc rapidement et je dois alors consacrer plusieurs jours à la suite pour le rattraper. Mais nous venons à Madagascar, comme à la Réunion du reste, pour la première fois et les visites priment sans conteste sur l’écriture.

Chantal revient dans l’après-midi et me brandit, rayonnante, le cadeau qu’elle s’est offert pour un peu plus d’un euro : un bracelet en corne de zébu !

Pour le diner, nous retournons dans le même restaurant qu’hier et, ce soir, j’ai faim ! Après la THBapéritive, Chantal se contente d’une omelette aux pommes de terre sautées tandis que je commande un potage maison et un plat malgache. Une jolie demoiselle, certainement la fille de la vieille dame qui trône derrière le comptoir, me propose dans un sourire craquant des légumes sautés en accompagnement. Je n’aurai pas dû accepter ! Après ma gigantesque assiette de soupe, je n’ai en effet plus faim, mais il me reste encore le plat malgache à base de zébu, les légumes sautés et le bol de riz servi d’office à avaler ! À voir ma tête, Chantal éclate de rire… et la serveuse aussi ! Je prends le temps, mais, à part le riz que je laisse de côté, je mange tout. Même pas malade !

Chantal qui a pourtant bien moins cassé la croûte que moi a beaucoup de mal à dormir, tournant et se retournant en sueur dans son lit une bonne partie de la nuit…

Tandis que Chantal s’envoie les œufs au plat de son petit-déjeuner, je me contente d’un simple jus d’ananas. Je me sens tout de même un peu barbouillé après le diner pantagruélique d’hier et préfère assurer ce matin.

L’atmosphère d’Ambositra nous plaisant bien, nous décidons de poursuivre quelques jours notre séjour ici. La nôtre étant réservée pour ce soir, nous devons de nouveau changer de chambre, mais toujours dans le même hôtel. La nouvelle, plus grande et plus claire, donne sur la rue. On a perdu les coqs, mais gagné le brouhaha de la ville, pense-t-on. La circulation étant quasiment inexistante, seuls les conversations des piétons et le vent faisant claquer les volets viennent en fait troubler la quiétude de l’endroit. Nous voilà rassurés. Nous profitons de ce calme pour passer notre premier coup de fil et réserver une chambre à Fianarantsoa, notre prochaine étape. Étonnamment, ça marche. Incroyable !

Nous partons faire un tour en ville à 16 heures. Pendant que Chantal bouquinait, jouait, regardait des reportages sur son iPad, j’avais un mal fou à aligner correctement les mots sur le carnet de voyage. Il y a des jours pénibles comme ça qui ont tendance à me mettre les nerfs en pelote. J’essaie, mais je n’y arrive pas. J’écoute alors un peu de musique avant de reprendre l’ouvrage. Mais quand ça ne veut pas marcher à la première tentative, la seconde ne vaut généralement guère mieux. Comme aujourd’hui, par exemple ! Dans ce cas, pour me changer les idées, nous décidons d’aller nous balader dans la rue principale, toujours bien animée. À cette heure, le soleil décline très vite à Madagascar et illumine de manière fugace les façades colorées des maisons et des boutiques. Nous en profitons tous les deux pour compléter nos galeries photo auxquelles nous ajoutons quelques portraits de vendeuses un peu surprises qu’on s’intéresse à elles. Me voyant m’arrêter devant un étal de boucherie, Chantal passe rapidement son chemin. Elle ne supporte désormais plus l’odeur forte de la viande : celle-ci lui provoque des haut-le-cœur.

Le lendemain, le grand marché du samedi attire toute la population des villages voisins. L’animation atteint son comble en milieu de matinée. Venus en famille dans leurs habits propres et colorés, un chapeau vissé sur la tête, hommes et femmes assaillent les étals posés à même le trottoir et discutent calmement des prix avant d’entasser les achats dans leurs paniers tressés. Abritées sous une bâche tendue et assises par terre derrière leurs présentoirs, les jeunes mères allaitent en toute quiétude leur progéniture en attendant le chaland. Le nombre de bébés que nous avons remarqué depuis notre arrivée à Madagascar nous fascine. Nous n’en avons jamais autant vu ailleurs ! L’âge des mamans nous interpelle aussi. À 18 ans, parfois moins, il est normal d’avoir déjà un ou deux rejetons. Mais que deviendra toute cette génération dans un pays où 75 % de la population vit avec moins de 2 euros par jour ? Nous espérons qu’elle y trouvera sa place, loin de la pauvreté et de la corruption actuelles… En continuant la promenade, nous tombons sur une esplanade étriquée qui regroupe les marchands de volaille et remarquons que les paysans d’ici ont un physique plus typé, la peau plus foncée, peut-être devrions-nous dire plus tannée, et une taille plus petite que ceux croisés lors de nos étapes précédentes. Mais tous nous adressent le même sourire en nous lançant l’habituel « Salut, vazahas ! ». On adore répondre par un simple « Ça va bien ? » auquel ils s’empressent de répliquer par un « Ça va bien, merci ! ». Nous passons souvent des moments mémorables en leur compagnie. Une famille s’attarde devant les poulets liés par les pattes et entassés en plein soleil dans de larges paniers ronds. Après discussion, elle repart quelques minutes plus tard avec deux volailles. Comme sur tous les marchés du monde, des camelots attirent la cliente en brandissant les derniers arrivages de vêtements. Souvent de seconde main, beaucoup proviennent de dons recueillis dans nos pays et parviennent à Madagascar grâce à l’intervention d’associations diverses. Vendus à des prix qui nous paraissent dérisoires, ils trouvent ici une deuxième vie. Longue, très longue même. Jusqu’à l’usure extrême. Voilà notre ego de bienfaiteur flatté !…

D’énormes camions-citernes se fraient, à coups de Klaxon puissants, un passage sur la route envahie par une foule encombrée de provisions. Par contre, tout le monde s’écarte devant les varambasurchargés, ces chariots fabriqués de bric et de broc que des hommes en sueur poussent en ahanant. Les conducteurs de pousse-pousse, eux, agitent une sonnette attachée sur un bras de leur carriole pour pouvoir circuler plus facilement. Tout se passe pour le mieux.

Je rentre vers midi commencer à trier les photos que j’ai prises depuis ce matin. Chantal s’installe sur la terrasse près de l’entrée. La musique que joue un groupe local pour les touristes venus déjeuner au restaurant de l’hôtel parvient jusqu’à moi. Je la trouve rythmée et très agréable à l’oreille. Chantal, placée où elle est, a la chance d’en profiter pleinement. Et lorsqu’elle s’arrête sous les applaudissements une heure et demie plus tard, je me mets en quête de quelques morceaux sur iTunes. J’en déniche quelques-uns qui me plaisent et les télécharge aussitôt. Je pourrai ainsi sonoriser mes diaporamas malgaches.

Après une petite balade matinale, je passe ma dernière journée à Ambositra à travailler sur l’écriture de mon blog et mets en ligne un reportage sur la Réunion. Je grignote un peu de mon retard ! Pour le diner, nous commandons deux THBbien fraîches dans notre hotelyfavori. De longues minutes plus tard, la jolie jeune fille ouvre consciencieusement deux grandes bouteilles de THB Freshdevant nous. Il s’agit en fait d’un panaché très sucré qu’elle est allée acheter dans une supérette plus loin. En plus, elles sont tièdes ! Nous avalons la purge sans piper mot, mais retiendrons la leçon. C’est certain ! Heureusement, les excellentes bananes flambées du dessert nous font vite oublier notre déception…

Nous bouclons les sacs avant de nous endormir.

Demain, lever à 4 h 30 ; nous partons pour Fianarantsoa.

Tags: Ambositra Madagascar
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