Bandaneira

Arrivés à bon port, après tout de même avoir assisté au naufrage d’un rafiot local dans la baie de Bandaneira, nous retrouvons avec plaisir notre chambre de l’autre jour et son confort certes rudimentaire, mais avec électricité toute la journée. Son wifi poussif parvient même à me combler de joie malgré une nuit entière de téléchargement en permettant la réinstallation de la mise à jour de Catalina, la dernière version Mac OS, ratée ici il y a une petite semaine à cause des innombrables coupures du réseau internet. Après six jours d’inactivité forcée, mon ordinateur fonctionne à nouveau. Je passe la journée du lendemain à trier les photos et surtout à préparer la suite du voyage.

En étudiant de plus près la question, j’abandonne l’idée de nous rendre à Florès… pour retourner à Bali après un an et demi d’abstinence ! En fait, nous en avons très envie tous les deux. L’achat des vols se révèle vite problématique. Depuis la France, Maxence me file un sacré coup de main en téléphonant à ma banque qui avait bloqué notre compte quand elle avait constaté que nous avions retiré coup sur coup deux fois de l’argent depuis l’Indonésie. Dans le doute, ils avaient préféré agir. Je ne les blâme pas, bien au contraire ça rassure, mais ça fiche tout de même une jolie pagaille pour les achats en ligne. Surtout dans un pays où les connexions hésitent continuellement entre « pas fonctionner du tout » ou bien « marcher un peu, mais alors vraiment tranquillos » ! Au bout de plusieurs tentatives, stressantes à souhait, j’obtiens enfin la confirmation de Lion Air. Nous décollons la semaine prochaine. Ouf !



La fin de séjour dans les Banda est assez rocambolesque. Nous avions acheté les billets pour Ambon avant de partir à Pulau Ai. L’embarquement à bord du ferry KM Nggapulu doit avoir lieu aujourd’hui à 14 heures. Sauf que… après avoir pris un dernier petit-déjeuner dans le très bel hôtel d’Abba, nous avons la bonne idée de nous rendre au bureau Pelni pour avoir la confirmation du départ en début d’après-midi. La jeune femme qui nous a vendu les tickets nous explique dans une langue hésitant entre le bahasa indonesia et l’anglais très sommaire qu’il n’y aura pas de bateau aujourd’hui. Je crois comprendre les mots « retard » et « demain ». Elle me montre un tableau avec l’heure du départ inscrite à 6 heures demain matin. Mais précise que, peut-être, il lèvera l’ancre vers 2 heures et qu’il faudrait alors mieux être arrivé à minuit sur le port pour plus de sûreté ! Ouh la la… On retourne voir Abba qui, après un coup de fil, nous confirme le retard et, avec son expérience, estime l’heure du départ plutôt vers 7 heures ! Qui croire ? Dans le doute, on lui reloue la chambre pour une nuit. Comme pour s’excuser de tous ces tracas, il nous invite ce soir à venir diner au buffet de son luxueux établissement. Je passe l’après-midi à rattraper un peu de mon retard d’écriture. Avec mon ennui d’ordinateur, j’en ai accumulé pas mal. Après une bière prise sur l’une des terrasses qui fait face au volcan, nous allons nous servir au buffet bien garni et partageons la table avec un Autrichien, un Allemand et un couple d’Australiens rigolos. Le repas passe très vite et nous regagnons notre chambre, dans une rue calme, une centaine de mètres plus loin. En fait, on ne sait pas trop comment faire. La femme d’Abba nous explique qu’on devrait entendre la sirène du ferry quand celui-ci pénètrera dans le port. Il nous restera alors deux heures avant le départ.


Pour une fois, nous avons comme alliée la musique qui nous parvient d’un mariage à quelques maisons de là. Jusqu’à plus de 3 heures, le même rythme syncopé nous tiendra en éveil. Du coup, je me rends une première fois sur le port au cas où la musique aurait couvert le son de la sirène. Rien, mais déjà des femmes montent leur petit étal dans la rue principale. Une heure plus tard, Chantal y retourne. Toujours rien ! À 4 h 30, un premier muezzin nous balance sa prière, puis un second, puis un troisième ! Cela dure près de trois quarts d’heure ! D’habitude, à cette heure-là, on dort et on n’entend rien. Heureusement, la patronne qui s’est levée vient voir où on en est et nous apprend que le bateau est à quai. Incroyable, avec tout ce ramdam, on n’a pas du tout ouï la sirène ! Après une toilette rapide, nous bouclons les bagages et nous rendons au port pour l’embarquement. Un gentil militaire monte le sac de Chantal à bord et nous trouve nos places dans l’un des nombreux dortoirs. De jeunes Javanais et Sulawesiens seront nos voisins jusqu’à Ambon.
Le KM Nggapulu largue enfin les amarres.
Il est presque 8 heures !…

Malgré tous ces petits tracas, les iles Banda resteront longtemps, très longtemps, dans un coin de notre cœur. Je pense sincèrement qu’on peut tomber complètement amoureux de certaines destinations. Ces iles et leurs habitants en font partie. Indéniablement…

Chantal et sa voisine sur le bateau Un de nos nombreux voisins de couchette
Ambon

Le bateau accoste au quai d’Ambon aux alentours de 16 heures. Avant de débarquer, nous avons droit à la ruée de dizaines et dizaines de porteurs qui s’engouffrent dans le bâtiment en criant et bousculant tout sur leur passage. Impressionnant, nous n’avons eu que le temps de nous plaquer contre une cloison avec nos sacs comme protection pour éviter de nous faire écraser les orteils ! Arrivés à pied depuis le port et inondés de sueur, nous retrouvons avec bonheur notre chambre de l’autre jour. Après une bonne douche, je m’attèle à l’écriture de ce carnet de voyage. Alors que je suis tranquillement assis à travailler, le lit se met à trembler durant quelques secondes. Juste avant notre arrivée dans les Moluques, un fort séisme de magnitude 6,8 a particulièrement secoué la région d’Ambon avec un bilan d’une vingtaine de victimes et de nombreux bâtiments endommagés. Sur le coup, j’ai le cœur qui s’emballe un peu. Mais la petite réplique s’arrête très vite. Lorsqu’elle revient de son tour en ville, Chantal m’avoue ne rien avoir ressenti.

Nous partons à la recherche de notre diner près de la mosquée. Malheureusement, le stand que nous préférons n’est pas ouvert. Nous nous rabattons vers celui d’une jeune fille ne parlant pas du tout anglais et surtout très étonnée de nous voir nous installer à son unique table. Ses plats, quoique très honnêtes, ne valent pas ceux parfumés et copieux de son concurrent d’en face. Mais nous en nous satisfaisons largement les deux soirs que nous passons à Ambon.
Après une seconde excellente nuit de repos, un taxi nous dépose après une trentaine de kilomètres devant le petit aéroport en pleins travaux d’agrandissement.

Comme celle des Banda, la population vraiment adorable d’ici ne nous laissera que de très bons souvenirs.
Nous ne regretterons jamais notre choix d’être venus jusqu’ici…
Et maintenant, à nous Bali !
© Alain Diveu