Les journées de la nouvelle année passent à une allure folle. L’emploi du temps n’est pourtant pas compliqué à suivre : petit-déjeuner sur la terrasse avant de prendre la direction de la plage toute proche, marche d’une heure en bordure de mer, partie de raquettes où nous devenons bien meilleurs au fil des jours, remplissage de grilles de Sudoku et de mots fléchés ou croisés, le tout entrecoupé de baignades dans une eau avoisinant les 30°. Vers 12 h 30, pour fuir le soleil ardent, nous regagnons la guesthouse. Chantal en profite alors pour se rendre au marché quand celui-ci a lieu et en rapporte un bel ananas sucré qu’on dévore en moins de quatre en buvant une tasse de café soluble. Chacun s’occupe dans son coin : lecture pour Chantal, mise en chantier d’un bouquin sur la Route de la soie pour moi. Vers 15 h 30, nous retournons sur la plage et effectuons de nouveau une balade les pieds dans l’eau, une partie de raquettes avant de nous régaler d’un bain à peine rafraichissant. Nous rentrons au moment du coucher de soleil et préparons l’apéritif sur la terrasse : bières tout juste sorties du frigo de la chambre, cacahuètes, bougies et musique cool de circonstance. Avec les doigts de pied en éventail, je vous jure qu’on l’apprécie ce moment-là ! Mais, en doutiez-vous un seul instant ?!
Nous avons décidé de rester à Koh Lanta plus longtemps. Nous calculons déjà notre séjour au Japon pour la mi-mai : Laos, Vietnam, Cambodge, Japon. Il nous faut donc « perdre » un mois quelque part. Le choix ne nous creuse pas pour un sou les méninges et s’impose de lui-même : nous restons à Koh Lanta ! Pour cela, la fin de notre visa nous obligeant soit de sortir du territoire et de re-rentrer gratuitement un jour plus tard, soit de nous rendre à Krabi aux douanes et faire la demande d’une prolongation payante, nous optons pour un petit séjour à Krabi qui cassera un peu le rythme que nous entretenons sur l’île. De plus, en calculant bien, même si cela nous revient un rien plus cher, nous n’aurons pas la fatigue du voyage qui, en ces contrées, est souvent pénible.
À Krabi, nous retrouvons Michèle et son nouvel ami Jean-Marc à qui nous faisons découvrir les joies de la cuisine épicée du marché de nuit.
Nous en profitons pour gagner en bateau depuis Krabi la plage de Railay où nous ne sommes pas retournés depuis au moins un an. Et là, grosse déception : un tsunami humain arpente la bande de sable que la marée haute rend encore plus étroite. Malgré l’heure matinale, nous comptons pas moins d’une quarantaine de bateaux dont les flancs se tamponnent au gré des vagues. En bout de plage, nous trouvons néanmoins un petit carré de libre où étendre nos serviettes. Pour être tout à fait honnête, il faut avouer que nous sommes au pic le plus fort de la haute saison touristique en Thaïlande du Sud. Nous nous consolons avec cette explication.
Le lendemain, après la rude grimpette des 1 237 marches au piton du temple du Tigre, nous sommes en train de sillonner en moto la campagne des alentours de Krabi sur une route fraîchement asphaltée lorsque je roule malencontreusement sur un morceau de branche qui s’envole en venant violemment frapper la tong de Chantal assise derrière mois. Le temps de nous arrêter et le gros orteil bien entaillé déverse déjà un flot de sang spectaculaire. Ni une ni deux, direction l’hôpital de Krabi… en moto bien sûr, mais le pied de la blessée emmailloté dans une écharpe. Là, un jeune homme des urgences la prend en charge immédiatement, anesthésie le doigt et le dessous du pied de quatre piqûres qui amènent un rictus sur le visage soudainement crispé de la pauvre Chantal, recoud plaie de trois points de suture, puis la panse. Nous passerons bien plus de temps à attendre la note et les médicaments dont elle a besoin que de recevoir les soins proprement dits. Sitôt sortis, nous repartons à la recherche de nos amis et effectuons une bonne cinquantaine de kilomètres sans les retrouver. Peut-être pris d’un remords, ils étaient en train, nous l’apprendrons plus tard, de visiter cliniques et hôpitaux des environs alors que nous les croyions sur une plage paradisiaque ! En attendant, sous prétexte de se refaire la cerise, Chantal avale une canette de Coca d’un trait et engouffre sans remords une poignée de biscuits tartinés de la pâte au chocolat aux brisures de Gavotte que Michèle nous a apportée de Bretagne. En la regardant ainsi se délecter, je décrète qu’après toutes ces émotions moi aussi j’ai besoin de sucre… Le pot n’aura vraiment pas fait long feu !
L’obtention des visas n’a posé aucun problème, nous pouvons prolonger notre séjour thaï d’un mois.