Nous avons envie de retourner sur Orchard Road, là où j’avais acheté un objectif pour mon appareil il y a 12 ans. Nous y allons à pied. La très longue avenue, symbole de l’image que veut donner Singapour, a bien changé. Disparus les supermarchés de matériel photographiques qui s’alignaient les uns après les autres à l’époque. Place désormais aux grands hôtels et galeries de luxe ! Mais les parcs et jardins ne sont jamais très loin. Après un petit détour par Emerald Hill Road qui nous avait enchantés, mais qui nous laisse sur notre faim après ce que nous avons vu hier dans Chinatown, nous franchissons la porte de l’Apple Store tout en marbre et verre. Je n’en rate jamais un ! Nous parvenons tous les deux à nous faire une petite place autour des imposants comptoirs des Apple Watches. Ici, rien n’est sécurisé, seul est présent un simple conseiller en bout de présentoir qui répond aux questions plutôt qu’il ne surveille. On peut choisir son boitier nu parmi tous les modèles mis à disposition et aller l’essayer avec différents bracelets au fond du magasin. Ce que d’ailleurs, comme tout le monde, nous ne nous sommes pas gênés de faire. Tentons un instant d’imaginer la même scène en France… Utopie ! J’adore franchement cette confiance. Cela devrait se passer ainsi partout. Mais là, je suis un doux rêveur !
Nous poursuivons la promenade tout le long de la rue jusqu’au Botanic Gardens, immense et magnifique parc situé pratiquement en centre-ville. Un gardien à qui nous demandons notre chemin dans le labyrinthe des allées nous recommande de nous rendre directement au National Orchids Garden, moins fréquenté à cette heure de la journée. Nous suivons ses conseils. Ce jardin dans le jardin accueille plus de 2 000 espèces différentes d’orchidées et attire des visiteurs de tous les coins de la planète. Il faut avouer que l’endroit est magnifique, croulant sous les cascades de fleurs, arborant des fontaines et des pergolas multicolores. Le lieu respire la sérénité et nous nous félicitons d’avoir suivi les recommandations du monsieur tout à l’heure. Plantes tropicales du monde entier, arbres majestueux plus que centenaires étalent leurs frondaisons près des rives du Lac des Cygnes et un peu partout sur les 64 hectares du parc. Le dimanche, on y vient en famille écouter un orchestre symphonique qui joue dans un écrin ressemblant à une huitre entrouverte et posée sur un étang. Bref, il fait bon s’y promener.
Nous allons prendre le métro, à 2 kilomètres et demi de l’entrée par laquelle nous sommes arrivés, pour regagner notre quartier de Little India. Devant la bouche de sortie, se tient sur plusieurs étages un centre commercial, le Slim Lim, entièrement dédié à l’électronique. Personnellement, je préfère le Low Yat de Kuala Lumpur qui lui ressemble en tout point, mais beaucoup moins cher pour les mêmes produits. Après avoir fait un tour très succinct des six ou sept étages, nous en ressortons, fait rarissime dans ce genre d’établissement, sans rien acheter. Nous allons directement dépenser les économies ainsi réalisées au food-court en accompagnant notre repas de deux Anchor avant de vite reprendre le métro et filer aux Gardens by the bay assister au son et lumière des Supertrees. Nous y arrivons à la tombée de la nuit, mais cinq minutes trop tard à mon goût. J’ai à peine le temps de trouver le bon angle pour jouir à plein de la fameuse heure bleue. Tant pis, le spectacle à lui seul valait la peine de s’être déplacé jusque là. En regagnant le métro, nous traversons le palace Marina Bay Sands illuminé sur toute sa longueur et allons assister à la fin du show sur la baie avec jets d’eau synchronisés sur de la musique. Intéressant aussi !
Cette fois, il est vraiment l’heure de retrouver nos pénates. Avec toutes photos de la journée, j’ai du pain sur la planche avant de pouvoir me coucher… Sans vraiment s’en apercevoir, on a encore marché 19 kilomètres aujourd’hui !
Ce matin, nous prenons comme d’habitude le petit-déjeuner sur la terrasse de l’hôtel avant de nous rendre dans le quartier de Kampong Glam qu’on avait apprécié il y a 12 ans et dont je garde l’image d’un village dans la ville. En arrivant par Arab Street, on ne peut pas manquer le dôme doré de la mosquée du Sultan qui en est le cœur. La petite rue qui lui fait face n’héberge plus que des restaurants du Moyen-Orient et une ou deux boutiques de vêtements assez sympas. Malgré tout, elle a gardé à nos yeux beaucoup de charme. Après nous être déchaussés et avoir enfilé un pantalon, nous pénétrons pour un tour rapide dans la plus grande mosquée de Singapour. Nous pouvons ainsi admirer la salle de prière qui, le vendredi, peut accueillir jusqu’à 5 000 fidèles. Nous poursuivons la visite par les rues adjacentes et très intéressantes pour qui aime le street-art. Les murs en sont recouverts ce qui n’est absolument pas pour nous déplaire et ça nous change un peu de celles de Penang qu’on connait par cœur. Elles ne sont autorisées que dans ce périmètre restreint. Ailleurs, les artistes contrevenants sont punis d’amendes et de coups de bâton. Nous arpentons le coin de long en large une bonne partie de la matinée. Pour échapper à la chaleur et reposer un peu nos mollets qui ont eu beaucoup de boulot ces derniers jours, nous prenons un jus de fruits dans un bar branché de Haji Lane. Dans cette rue, l’une des plus petites de la ville, mais loin d’être la plus banale, les troquets à la déco psychédélique et à la bonne musique se succèdent, seulement entrecoupés par les boutiques de vêtements des jeunes créateurs qui y ont élu domicile. L’ambiance nous convient à merveille et nous avons beaucoup de mal à la quitter.
De là, nous nous dirigeons tranquillement vers le food-court que nous avions pris un jus de canne à sucre l’autre jour. Chantal choisit de manger thaï, alors que je me régale d’un Hainanese chicken rice de chez Tian-Tian qui a fait la réputation internationale de ce stand n° 10. J’ai d’ailleurs pas mal de chance, car, en cette fin d’après-midi, il n’y a pas la queue comme l’autre jour et suis servi très rapidement. Alors que Chantal cale sur son plat, assez conséquent, avouons-le, je complète mon repas par d’excellents popiah. Le ventre plein, nous nous rendons en métro cette fois sur les quais. Je veux évacuer cette image que j’ai gardée du Central Business District sans aucun éclairage à la tombée du jour. Cela en était presque lugubre. Aujourd’hui, les lumières scintillent de partout et se reflètent dans la rivière ce qui donne un air beaucoup plus gai à l’ensemble du quartier. Nous terminons devant la baie du Marina Bay Sands pour assister de loin au spectacle son et lumière du palace. À cette distance, on ne peut qu’apercevoir les jets d’eau sans en distinguer tous les effets. Par contre, les jeux de lumière sur l’établissement de luxe rendent bien mieux qu’à son pied. Une fois le show terminé, nous regagnons tranquillement la station de métro pour vite rentrer à l’hôtel. Aujourd’hui nous avons parcouru 12 kilomètres à pied et, demain, une nouvelle nuit blanche nous attend : nous reprenons l’avion pour l’Indonésie.
L’incroyable aéroport Changi
Mais pas question de quitter Singapour sans visiter son aéroport Changi. Pour la cinquième année consécutive depuis 2013, il a en effet été élu meilleur du monde. Il reste certainement le seul où les escales, les retards ou les annulations relèvent du bonheur. Jugez par vous-même : piscine extérieure sur le toit avec jacuzzi, zones de sieste, complexe de cinéma gratuit, parc de loisir avec le plus grand toboggan intérieur du pays, cinq jardins dont un consacré à une quarantaine d’espèces de papillons, plantes disposées un peu partout, éclairage intelligent qui contrôle la quantité de lumière naturelle pénétrant dans le bâtiment et, pour couronner l’ensemble, le tout nouveau Jewel avec son Rain Vortex, la plus grande chute d’eau intérieure du monde !
Pour un tarif moins cher qu’un ticket de bus à Rennes, le métro nous y emmène en 45 minutes directement depuis l’hôtel. Nous enregistrons aussitôt les bagages pour notre vol de ce soir. Il n’est pas encore 14 heures ! Les comptoirs apparemment toujours ouverts, aucune queue ne vient entraver la circulation de notre chariot. Le chemin bien indiqué débouche dans le fameux bijou. Dans un décor futuriste et au milieu d’une forêt reconstituée sur plusieurs étages, une cascade semble tomber du ciel sur une hauteur de 40 mètres dans une large vasque enterrée. Spectacle ahurissant ! Nous conseillons à tous ceux qui ont le choix entre une courte ou une plus longue escale à Singapour d’opter, sans hésiter un instant, pour la seconde et ainsi avoir le temps de profiter de toutes ces beautés incroyables… Mine de rien, nous avons marché 9 kilomètres depuis que nous avons quitté l’hôtel. Il faut dire que cet aéroport est immense…
Totalement sous le charme, nous revenons à des choses plus terre à terre en allant passer la douane et nous rendre dans la zone d’embarquement.
Maintenant, à nous les Moluques !…