Quand le van passe nous prendre à 8 h 30, les patrons de la guesthouse ont oublié de se lever pour nous saluer comme ils nous l’avaient promis hier soir; dommage, car nous aurions souhaité les remercier pour leur accueil, intéressé certainement, mais tellement sympa. Si nous revenons à Koh Chang, il est évident que nous nous arrêterons de nouveau chez eux.
Après une traversée sans histoires en compagnie d’une jeune enfant thaïe qui ne m’a pas lâché durant tout le trajet en ferry, tout heureuse de se faire photographier et d’utiliser les quelques mots d’anglais qu’elle connaissait avec moi, le minivan file maintenant à vive allure vers Bangkok. Une fois dans la capitale, nous ne passons qu’à une centaine de mètres de notre hôtel, mais le chauffeur qui doit emmener chacun de ses clients à l’adresse qu’ils ont précisée lors de l’achat des billets ne s’arrête pas. Nous sommes en fait les derniers qu’il dépose, une bonne heure plus tard, à l’endroit près duquel nous étions tout à l’heure. Nous ne nous ferons jamais à l’organisation quelque peu désordonnée des pays asiatiques!
Nous retrouvons la chambre que nous avions déjà occupée lors de nos séjours précédents à Bangkok, avec plaisir d’autant plus grand que son prix a baissé de 100 baths, soit environ 2,50 euros. Cet évènement est devenu tellement rare que je me dois de le signaler…
En cet après-midi ensoleillé, nous partons faire un tour dans le quartier commerçant de Siam, endroit que nous avons l’habitude d’arpenter dans tous les sens. Cette fois encore, la rénovation d’un des malls les plus connus de la rue Rama 1 perturbe quelque peu nos points de repère. Très fréquentées, ces galeries marchandes de luxe vont désormais avoir toutes reçu leur lifting, plutôt bien réussi d’ailleurs. Une centaine de mètres plus loin, le 17 août 2015, 21 personnes trouvaient la mort devant un petit temple dans l’attentat le plus meurtrier de l’histoire de la Thaïlande. Décidément, la sécurité n’existe plus nulle part. Pour diner, nous retrouvons notre cantine de trottoir, toujours pleine de monde. Nous arrivons tout de même à nous caser sur deux tabourets pour engloutir le demi-poulet et la salade de papaye verte épicée à souhait. Nous achevons le repas par un gâteau à la banane acheté au 7-Eleventout proche.
Aujourd’hui lundi, nous nous levons tôt pour aller, dès l’ouverture, à l’ambassade d’Indonésie. Nous voulons en effet y faire nos visas de deux mois pour notre prochain séjour à Bali; ils nous reviennent ainsi moins cher que sur place. Mais avant de nous y rendre, nous passons par la salle des petits-déjeuners et son self à volonté. Compris dans le prix de la chambre, nous en profitons pour avaler ce qui nous fait envie entre toutes les sortes de céréales, de cuissons d’œufs, les yaourts maison, les différents pains de mie, les gaufres, les pancakes, la soupe et le riz asiatiques, les fruits, les jus de fruit, le café, le thé, le lait chaud ou froid. Une fois sortis de table, nous savons que nous n’aurons pas de soucis jusqu’au diner…
Au guichet de l’ambassade, la jeune femme qui s’occupe de notre cas demande à voir nos billets aller et retour. Damned! Nous n’avons que l’aller! Face à son intransigeance, nous devons nous résoudre à retourner à l’hôtel et obtenir nos tickets sur internet. Rompu à ce genre d’exercice, je ne mets qu’une vingtaine de minutes pour en trouver et recevoir la confirmation d’achat des fameux vols. Il est 11 heures lorsque nous déposons nos passeports et tous les documents demandés devant la jeune femme de tout à l’heure, toujours aussi souriante, toujours aussi belle… Je, enfin, moi… euh… nous quoi (!) reviendrons mercredi après-midi les récupérer…
Cette fois armé de mon Nikon, je retourne dans le quartier de Siam prendre des clichés d’une multitude d’éléphants peints ou décorés par différents artistes. Présentés sur la place et les jardins du Siam Paragon, ils ont tous la même grandeur et les trois mêmes formes. Seule la créativité des plasticiens fait la différence. Les milliers de visiteurs journaliers qui se photographient devant les œuvres peuvent ensuite aller voter sur le site internet consacré à l’exposition, y déposer leurs portraits et tenter de décrocher l’un des lots fabuleux mis en jeu. Vendus au profit d’associations caritatives, ces animaux de taille respectable rejoindront alors des collections privées ou des musées. Intelligente entreprise!
Pour nous abriter de la chaleur, nous arpentons les galeries commerciales et nous renseignons sur les bus pour Krabi. Après Bangkok, ce sera en effet une nouvelle fois notre prochaine étape. En flânant dans les rayons, Chantal trouve un petit hippopotame facile à triturer dans la main. Elle l’achète pour soigner sa fracture en faisant des exercices de préhension. Elle a l’impression que cela lui fait du bien. Tandis que je rentre à l’hôtel me reposer de ces magasins, elle poursuit sa promenade par d’autres visites dans d’autres shopping malls. Elle me rejoint deux heures plus tard avec, dans ses bagages, une nouvelle housse de protection pour son iPad…
Ce soir, les cantines de trottoir sont toutes fermées. Nous nous rabattons par obligation dans un petit restaurant, tout près devant lequel nous passons tous les jours depuis que nous venons à Bangkok. Nourriture en dessous de la moyenne, tarifs trop élevés pour la qualité, ils ne nous reverront jamais!
Nous nous levons une nouvelle fois de bonne heure pour, aujourd’hui, nous rendre au Wat Phra Kaeo que nous connaissons pour l’avoir visité à trois reprises, mais dont on ne se lasse pas. Après un petit-déjeuner pantagruélique, nous empruntons la ligne de bus n° 47 pour y aller. La circulation, exceptionnellement fluide ce matin, nous permet d’arriver sur place relativement tôt. Malheureusement, les groupes de touristes chinois et autres asiatiques ont déjà investi les lieux; tant pis pour nous, il faudra faire avec. En fait, cela se déroule plutôt mieux que prévu. Diligentés par leurs guides qu’ils suivent au pas de course, ils ont à peine le temps de se photographier devant les monuments et nous laissent ainsi le champ presque libre pour prendre les nôtres. L’époque serait-elle en train de changer? Accoutrés, pour moi, d’un pantalon passé par-dessus mon bermuda et, pour Chantal, d’une chemise qui lui cache les épaules, nous entrons dans la sacro-sainte salle du Bouddha d’Émeraude où une foule fervente se presse. Revêtue d’une cotte de mailles en or et diamants, la statuette tant vénérée trône sur son piédestal à une douzaine de mètres de hauteur. Les gardes veillent à ce que personne ne prenne de photos. Contraint et forcé, je respecte à contrecœur la règle, comme tout le monde. Nous restons un long moment devant les dvarapala, ces colosses démoniaques de six mètres de haut qui gardent le temple armés de leur massue, devant les différents bâtiments aux toits en tuile vernissée, dans les jardins, les musées et quelques pièces du Palais Royal qui composent ce superbe ensemble architectural. Beaucoup d’Européens et d’Américains le trouvent kitschissime. Pour notre part, nous adorons les façades en faïence, les dorures de ses statues et la taille en forme de boule de ses arbustes. Après en avoir profité durant 6 heures entières, nous regagnons, complètement flapis, notre guesthouse pour y prendre une douche froide bien revigorante…
Après avoir bu notre bière à la terrasse de l’hôtel, nous retrouvons avec plaisir les stands de cuisine qui nous ont tant manqué hier. Ce soir, nous rejoignons nos pénates le ventre plein et, surtout, de meilleure humeur…
Le lendemain, dès l’ouverture de l’agence de voyages, nous achetons les places de bus pour Krabi, notre prochaine étape. Nous en prenons quatre, deux pour nous, mais aussi deux autres pour les Mimis qui arrivent de Saint-Malo dans la soirée et qui ont l’intention de passer quelques jours avec nous dans le Sud. Les billets en poche, nous flânons dans le quartier. Après un détour par l’hôtel, nous nous rendons pour 14 heures à l’ambassade d’Indonésie récupérer nos passeports visés, puis je retourne écrire quelques lignes de ce carnet de route. Je rejoins Chantal en fin d’après-midi devant mon éléphant préféré de l’exposition du Siam Paragon. À la tombée de la nuit, nous allons faire quelques photos de la place illuminée du World Center. Les villes françaises devraient venir en Asie suivre quelques cours de décoration de Noël; les créateurs locaux regorgent en effet d’idées… lumineuses!
Les Mimis arrivent vers 21 h 30, épuisés par leur long périple qui les a fait passer par Delhi. Les retrouvailles les mettent en appétit et, bien qu’ayant déjà diné, nous les accompagnons dans une petite bicoque où nous buvons une bière en les regardant avaler leurs soupes. Pressés d’aller nous coucher, la nuit prochaine en bus risquant d’être interminable, nous regagnons tous les quatre l’hôtel sans rechigner.
Le matin suivant, Chantal pilote Michel et Michèle dans le labyrinthe des galeries marchandes afin qu’ils y fassent quelques achats. Les magasins n’ayant jamais été vraiment mes amis, je m’abstiens une nouvelle fois, au grand soulagement des trois autres! C’est vrai que je peux vite devenir pénible dans ce cas-là. Je reste donc préparer mes bagages pour le check-outde ce midi. Les faire me demande en général pas mal de temps, ce qui a le don d’agacer ma femme. Je préfère les boucler tranquillement tout seul.
En attendant le taxi qui doit nous emmener à la gare routière sud vers 17 heures, nous patientons dans le hall climatisé de la réception et discutons entre nous dans la joie et la bonne humeur. Il ne saurait en être autrement avec les Mimis…