Fred, Guylaine et leurs deux filles Thaïs (12 ans) et Gaby (7 ans) nous rejoignent à l’hôtel en fin d’après-midi du lendemain après avoir quitté l’ile de Langkawi, en Malaisie, le matin. Nous les avons connus il y a trois ans à Malacca. Depuis, nous avons gardé le contact. Ils sont partis de France en août pour un périple d’un an à travers l’Asie. Ils en rêvaient depuis longtemps et ont enfin pu mettre leur projet à exécution. Parents et enfants sont ravis de pouvoir rencontrer les gens, de découvrir de nouveaux paysages, de tester les moyens de transport locaux et de gouter aux spécialités culinaires régionales. Thaïs nous raconte ainsi la fois où elle a mangé un grillon grillé. Gaby, elle, préfère nous parler des piqures qu’elle a dû subir en Birmanie après la morsure d’un chien. Les retrouvailles avec cette famille de baroudeurs bien sympathique nous procurent un réel plaisir. Pour fêter la chose, nous nous asseyons autour d’une table et trinquons à nos voyages respectifs. Les anecdotes n’arrêtent pas de pleuvoir et il est tard lorsque nous partons tous ensemble diner d’une bonne soupe dans un stand de rue.
Le lendemain, le père Noël doit aller faire quelques achats pour Thaïs et Gaby. Avec Chantal, on l’a même aperçu au supermarché de la ville, accompagné de la mère Noël, en train de se tâter devant les poupées Barbie. Pas de cheminées ici, pourtant Gaby semble certaine qu’il passera bien dans sa chambre la nuit prochaine. Elle nous l’a certifié. En attendant, nous restons la journée à Krabi. J’en profite pour me retirer dans notre piaule climatisée et écrire la suite de nos aventures. Pour l’apéro, tout le monde se retrouve autour d’une bière. André et Hou nous ont même rejoints, mais ne nous accompagnent pas au restaurant où nous emmenons la Happy Family, comme ils s’appellent eux-mêmes. La bonne humeur s’installe très vite et les commentaires vont bon train. Pour se et nous faire plaisir, Fred sort de son sac une bouteille de Bordeaux rouge qu’il a achetée pour l’occasion sur l’ile détaxée de Langkawi. Et qui dit détaxe, dit aussi contenance d’un litre. Génial! Le serveur, étonné de notre audace, amène malgré tout quatre verres que Fred s’empresse de remplir. Je ne pouvais vraiment pas prévoir quelques minutes auparavant qu’on boirait un si bon vin français pour le réveillon? Chambré à point, le nectar se laisse apprécier sans problème, même avec cette chaleur. Le riz frit n’en parait que meilleur! Une fois encore, le temps file très vite et l’heure est bien avancée lorsque nous prenons la direction de l’hôtel. Si ça se trouve, le Père Noël est déjà passé. Pas chez nous en tout cas. À sa décharge, je n’avais pas fait de liste et d’après Chantal je n’ai pas été tous les jours bien sage. Alors ça, je n’en crois pas mes oreilles!..
Gaby nous rejoint le lendemain matin en tenant une super poupée Barbie-sirène dans ses bras. À son grand étonnement, je ne connais pas. Pour me défendre de mon ignorance, je lui explique que chez nous, il n’y a que des garçons. Dans ses yeux, je devine de la suspicion!
Nous avons loué trois motos et partons de bonne heure pour la plage qu’on aime tant et que nous souhaitons leur faire découvrir. Nous passons d’abord à travers les plantations de palmiers et d’hévéas et effectuons la boucle de 45 kilomètres pour y arriver. En chemin, nous nous arrêtons un instant dans une grotte karstique qui abrite un temple et un bouddha. Une fois à destination, en posant le pied sur le sable, Thaïs me dit qu’elle est déjà amoureuse du lieu. Ses parents confirment: ils trouvent l’endroit merveilleux. Leurs commentaires ne nous surprennent même pas; en fait, nous aurions été déçus qu’il en fût autrement. Nous passons cette journée du 25 décembre pratiquement toujours dans l’eau. Il faut avouer qu’avec sa température flirtant avec les 30°, la mer sait recevoir ses invités. Les filles étrennent les masques de plongée que le Père Noël leur a apportés. Pas de chance: celui de Thaïs fuit. Elle emprunte donc celui de Gaby qui se défend puisque c’est le sien… Nous avons ainsi la confirmation que les sœurs se chamaillent autant que les frères. Nous qui avons eu deux garçons sommes désormais complètement rassurés! Nous quittons à regret cette plage que nous avons été les seuls, aujourd’hui, à avoir troublé son silence.
Le lendemain, nous repartons en moto pour le Wat Tham Sua, autrement dit le Temple de la Grotte du Tigre, surtout célèbre pour ses 1 283 marches qui mènent au sommet du piton rocheux qui domine le site. Chantal qui a accompli l’exploit une fois préfère nous attendre en bas. À 10 heures, Guylaine, Fred, Thaïs, Gaby et moi attaquons le difficile escalier. Au départ, Gaby trouve la montée trop cool, Thaïs joue à la reporter en filmant ses impressions avec sa GoPro, mais les ticheurtes commencent déjà à mouiller. Vers le milieu de l’ascension, personne ne donne de signes de fatigue, mais le souffle est devenu plus court pour tout le monde. La dernière volée de marches apparait enfin et c’est Gaby qui arrive la première devant la statue de Bouddha qui domine le temple. Toute la Happy Familyest fascinée par la beauté du site. Pour ma part, je ne parviens à me lasser ni de l’exercice de la montée-descente, ni du spectacle grandiose des pitons karstiques qui nous entourent. C’est époustouflant, tout simplement. Après une demi-heure passée là, nous abordons la descente avec une légère appréhension. Les marches, hautes pour Gaby, peuvent se montrer piégeuses à certains endroits. Mais la trouille ne semble pas faire partie des soucis de la petite. Tout se déroule pour le mieux et nous rejoignons Chantal qui nous attend à l’ombre d’un grand arbre. Notre virée a à peine duré une heure et demie, mais nous a creusé l’estomac. Sur un marché à la sortie de Krabi, nous faisons une halte pour grignoter des portions de poulet frit, du riz et boire un chocolat bien froid. Requinqués, nous poursuivons la promenade vers Fossil Beach en nous arrêtant dans une plantation d’hévéas pour expliquer aux deux filles le processus de la fabrication du caoutchouc. Thaïs, puis Gaby y continuent leur reportage. Aujourd’hui, plus que d’habitude, nous apprécions la bière fraiche de fin d’après-midi…
Ne se sentant pas en pleine forme en ce début de journée, Chantal préfère se reposer à l’hôtel (elle aurait dû monter les marches hier!). Après les cours de la matinée, Thaïs nous accompagne, Fred et moi, à la piscine située hors de la ville. À son grand désappointement, la pauvre Gaby qui n’a pas très bien travaillé doit rester avec Guylaine réviser ses leçons. Le cœur gros, elle nous regarde noue en aller tous les trois en songthaew. Par contre, nous faisons l’erreur de repartir un peu tard et les taxis collectifs se font tellement rares que plus un ne passe devant nous. En plus, avec la nuit tombante, nous avons un mal fou à discerner les différents véhicules. La chance veut qu’un pick-up débouche d’une petite route juste à notre hauteur. Je demande alors au chauffeur s’il peut nous emmener à Krabi. Malheureusement, il ne parle pas un mot d’anglais et nous, pas un mot de thaï. Nous repartons déçus. Une vingtaine de mètres plus loin, il s’arrête et nous fait signe de monter. À force de gestes, nous croyons comprendre qu’il va faire un détour pour nous ramener dans le centre-ville. Lorsqu’il nous dépose quelques minutes plus tard sur l’artère principale, nous lui adressons un waï, ce fameux salut de respect que l’on exécute les mains jointes. Désolant: en train de discuter avec André qui vient d’arriver, les filles nous apprennent, les ingrates, qu’elles n’avaient même pas commencé à se tracasser pour nous!
Pas rancuniers pour deux sous, nous les accompagnons tout de même manger une bonne soupe sur le trottoir…
Aujourd’hui, la Happy Family s’en va. Nous avons passé un excellent moment avec eux et le temps a vraiment filé trop vite. Mais ils doivent remonter à Bangkok accueillir la maman de Fred qui vient les voir quelques semaines et, auparavant, récupérer une partie de leurs bagages laissés à Prachuap Khiri Khan. On se souhaite mutuellement une bonne poursuite de voyage. En les regardant s’éloigner, entassés dans le songthaew qui les emmène à la gare routière, nous les regrettons déjà.
Après notre soupe matinale, nous prenons une nouvelle fois la direction de notre plage tant aimée, mais, à cause d’un fort coefficient, la bande de sable se retrouve réduite au strict minimum. Nous faisons donc le choix de nous installer sur une partie plus large, mais plus fréquentée, juste devant un palace. Chantal a même le culot de s’allonger à l’ombre sur l’un des transats restés libres et d’aller se servir un verre d’eau fraiche à la fontaine mise à disposition des clients. À l’écart de tout ce luxe, je m’étends en plein soleil, sur ma serviette posée sur le sable et en buvant avec parcimonie quelques lampées de ma bouteille d’eau tiède… Y’a pas de justice!
Le lendemain, Chantal achète une paire de sandales Scholl, la même que Thaïs a reçu pour Noël. Toute contente avec ses nouvelles chaussures de chez Bata, marque prestigieuse dans toute l’Asie, elle arpente les rues sans se plaindre. C’est fou l’impact qu’un achat peut avoir sur une femme! Je rigole, bien évidemment!… Comme pour me remercier, le papy-patron de l’hôtel nous offre un café à notre retour. Je monte dans la chambre travailler un peu sur l’ordi tandis que Chantal reste se gaver des bananes que n’arrête pas de lui donner la mamie patronne. Ces gens sont incroyables de gentillesse. Privés de marché du week-end ces derniers jours, nous nous dirigeons vers un autre, celui du début de semaine, situé un peu plus loin et retrouvons là nos fournisseurs attitrés detom yamet de curry. Toute contente de nous revoir, la dame me sert un é-n-o-r-m-e bol de mon plat favori. Celui de Chantal n’est pas en reste. Moins fréquenté et moins bruyant que celui où nous avons l’habitude de nous rendre, ce marché de nuit accueille aussi beaucoup plus de locaux. L’ambiance en est plus sympa comme le prouve ce jeune couple qui nous accepte à leur table. Sur la scène, un guitariste joue de la musique folk, tranquillement. Cool, la vie!
Après une dernière journée à Tup Kaek Bay, nous y revenons le lendemain soir, mais, cette fois, avec André et Hou. Nous apprenons à nos cuisiniers que nous allons partir le 1er et comme il n’y a pas de marché demain, nous les reverrons certainement lors d’un prochain passage à Krabi. Nous sommes en train de savourer nos plats sur une table de la place quand la femme approche timidement et dépose un petit cadeau devant nous. Dans le paquet, nous découvrons une fleur sculptée dans du savon multicolore au fond d’une noix de coco creusée. Confus et émus à la fois, nous en avons presque les larmes aux yeux et ne savons quoi dire pour la remercier. Elle s’en retourne, tout sourire, servir ses clients. Comme beaucoup d’autres, cette séquence émotion restera à jamais inscrite quelque part dans notre mémoire.
Le lendemain, 31 décembre, je suis en train d’écrire dans la chambre lorsque Chantal monte me chercher; on m’attend en bas! En fait, les patrons de l’hôtel offrent un repas de fin d’année à tous leurs employés et nous y convient par la même occasion. Nous sommes les deux seuls étrangers. Après celle de la veille, voilà déjà que la sympathie envers nous se manifeste une nouvelle fois.
Amazing Thailand comme on peut le lire sur les affiches. Eh oui, la Thaïlande est vraiment surprenante!
Après avoir mangé le midi (tout arrive!), nous nous remettons à table avec André et Hou pour le diner de la Saint-Sylvestre. Ce soir, pas de marché, seulement un stand de rue où nous commandons une soupe de nouilles avec de petits raviolis chinois et des légumes. C’est parfumé, gouteux et cela restera l’un de nos réveillons les plus économiques que nous n’ayons jamais eus, la bière coûtant à elle seule bien plus cher que le repas… On s’en souviendra, c’est certain, comme on n’a pas oublié celui passé au Sri Lanka, il y a deux ans…
Bonne année 2016 à tous!
Nous ne trainons pas bien longtemps, car nous devons nous lever à 5 heures pour nous rendre sur l’ile de Langkawi en Malaisie.