L’agence Budget où nous prenons possession de la voiture de location, que nous avons réservée depuis la France via le site internet Autoescape, n’est éloignée de notre hôtel que de quelques enjambées; le temps de remplir les papiers nécessaires et nous voici lâchés au milieu d’une circulation assez dense. Les artères principales de Marrakech sont heureusement assez larges pour permettre aux conducteurs locaux de me doubler sans souci; je préfère en effet être prudent, d’une part pour éviter l’accident, mais aussi, et surtout, pour ne pas à avoir affaire avec la police.
La petite Hyundai i10 grise avale sans broncher les premières pentes du Tizi n’Tichka. Après avoir serpenté au milieu des pins et des lauriers-roses, la route, sinueuse mais bien bitumée, traverse une succession de paysages, plus grandioses les uns que les autres. Les collines rocailleuses, de plus en plus nues au fur et à mesure qu’on se rapproche du col, font désormais place à la montagne. Sur les parkings aménagés aux nombreux points de vue du parcours, des vendeurs ambulants de fausses pierres fossilisées font les yeux doux aux touristes arrêtés et tentent de leur refiler, à bon prix, les « cailloux » en plâtre ou en résine trop colorés; il faudrait être franchement naïf pour ne pas remarquer la supercherie. Parvenus au col, nous sommes surpris par la température plutôt clémente à cette altitude de 2 260 mètres. Dans la descente, nous faisons de nombreuses haltes photographiques avant de quitter la route principale pour emprunter une route défoncée par endroits, mais qui traverse des villages en pisé et laisse apercevoir de nombreuses casbahs. Des oliviers et des arganiers parsèment les collines où l’ocre se mélange au rose et au gris minéral. Puis la route se transforme en piste en pénétrant dans l’oued Ounila. Des travaux sont en cours, mais pour l’instant, nous évoluons dans un nuage de poussière soulevée par les camions qui travaillent à son aménagement.
Après une vingtaine de kilomètres sur cette piste roulante mais aussi assez glissante, notre petite Hyundai, à peine reconnaissable sous la couche de poussière qui la recouvre, nous arrête devant un sublime décor de cinéma: le ksour d’Aït Ben Haddou que je ne voulais, à aucun prix, manquer. Ici, en effet, ont été tournées de nombreuses grosses productions cinématographiques, telles Gladiator, Lawrence d’Arabie, Alexandre, Un thé au Sahara, Prince of Persia, Le Diamant du Nil pour ne citer que les plus connues.
Mais notre priorité est d’abord de dénicher une chambre. Nous en trouvons facilement une, située dans un hôtel juste en face la citadelle. Les bagages extirpés de la voiture et déposés dans un coin de la chambre, nous nous débarbouillons rapidement avant de nous diriger vers la forteresse en terre. Un film (encore un !) est en train d’être tourné dans l’oued asséché qui passe juste à ses pieds. Le soleil de fin de journée éclaire de façon magnifique le ksour. Classé au patrimoine de l’Unesco, il faut dire qu’il est plutôt bien conservé. Exemple frappant de l’architecture du sud marocain traditionnel, sur le flanc d’une colline au sommet de laquelle se trouvait un grenier collectif, le village se présente comme un ensemble de bâtiments de terre entourés de murailles, le ksour. La vallée dans laquelle il est construit était traditionnellement un point de passage obligé des caravanes reliant Marrakech au sud du Sahara. Les maisons, regroupées à l’intérieur de ses murs défensifs, étaient ainsi à l’abri des pillards. À peine dérangés par les rares visiteurs, nous déambulons tranquillement dans ses venelles, à l’affut des meilleurs angles de prises de vue, jusqu’à la disparition du soleil derrière la montagne.
Le diner servi par Brahim sur la terrasse de notre guesthouse qui domine le site est copieux et délicieux. Rien que d’y repenser, je m’en lèche une nouvelle fois les babines. Et il en est encore de même le lendemain avec les yaourts maisons, crémeux à souhait, du petit déjeuner.
Nous venons d’effectuer là, une bien belle étape…