Après un voyage en bus-couchettes depuis Paksé durant lequel nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit, ou si peu, un tuk-tuk partagé avec un Chinois en ticheurte alors que le chauffeur et nous sommes tous les trois emmitouflés dans des blousons nous dépose une demi-heure plus tard devant notre hôtel.
Et là, divine surprise ! Les employés nous reconnaissent dès notre entrée et chacun d’entre eux, de la responsable aux réceptionnistes en passant par la petite serveuse et le veilleur de nuit, vient nous saluer personnellement. Vraiment touchés, nous leur balbutions quelques banalités qu’ils ne comprennent heureusement pas ! Il est seulement 7 heures du matin et, sur leur proposition, nous prenons un petit-déjeuner copieux au buffet tout juste ouvert avant de monter dans notre chambre.
Nous profitons de notre venue à Vientiane pour essayer d’obtenir un visa indonésien de deux mois. Le jeune personnel de l’ambassade nous précise que, pour cela, nous avons besoin d’un sponsor. Je contacte par WhatsApp notre logeur et tente de lui expliquer la chose. Il nous envoie bien la photocopie de sa carte d’identité, mais pas la lettre manuscrite qu’il aurait dû écrire. Réflexion faite, à la fin de la journée, nous abandonnons le projet. Nous le ferons comme d’habitude à notre arrivée à Bali.
André, Michel et Sylvie effectuent un voyage d’un mois et demi en Asie du Sud-Est et sont actuellement de passage à Vientiane. Nous nous y retrouvons donc pour passer trois jours ensemble. Enrhumés à cause de la climatisation, ils ne tiennent pas la grande forme. En fait, nous ne visiterons en leur compagnie que le Bouddha Park. En attendant le bus qui doit nous y conduire, nous faisons la connaissance de Lola et Éline, deux jeunes baroudeuses françaises qui s’y rendent aussi. La route a énormément changé depuis la première fois où nous l’avons empruntée. Des constructions de toutes sortes et de nombreux commerces jalonnent désormais les 25 kilomètres du trajet alors que nous l’avions découvert serpentant dans une campagne quasiment vierge. L’entrée du parc a été légèrement déplacée pour permettre l’érection d’une porte monumentale. Seules les sculptures n’ont pas bougé, même si l’une d’entre elles s’est écroulée depuis notre dernier passage. De son côté, le grand Bouddha couché a pris quelques rides avec des fissures apparues sur son corps long d’une trentaine de mètres. Pendant que nos amis se sont réfugiés dans une gargote pour y déjeuner, je continue de trainer au milieu des 200 sculptures en béton armé créées par le moine mystique et artiste Luang Pu Bunleua Sulilat à la fin des années 50. Je croise plusieurs fois le chemin d’Éline et Lola posant devant les œuvres loufoques de cet illuminé qui rappellent d’une certaine manière un peu celles du Facteur Cheval de chez nous.
Nous rentrons à Vientiane juste pour l’heure de la sieste de nos amis…
Pendant qu’ils récupèrent, Chantal et moi partons visiter, ou du moins revoir, quelques édifices que nous apprécions et que nous ne voudrions manquer sous aucun prétexte lors d’un passage à Vientiane. Comme le Wat Simuang, par exemple, le plus vénéré des sanctuaires bouddhistes de Vientiane, à l’exception du That Luang. Désormais situé dans le centre avec le développement de la ville, il marque l’emplacement de la porte Sud-Est de la vieille cité. Très coloré et animé, nous adorons y passer un moment. Par contre, nous rentrons toujours à l’hôtel à l’heure prévue. Nous y retrouvons les copains frais et dispos, prêts pour la Beerlao apéritive ! Deux soirs, nous retournons au restaurant Les Trois Sœurs, là même où, il y a quelques années, une tablée de jeunes Laotiens m’avait offert une brochette d’œufs couvés prêts à éclore. Avec le poussin bien formé à l’intérieur ! Pour ne froisser personne, je m’étais forcé à en manger un. Ces deux soirs, comme André et Michel, je me contente d’une simple soupe de nouilles au bœuf ! Quant à Sylvie et Chantal, elles optent pour une grande assiette de rouleaux de printemps…
Les jours défilent vite et nos amis doivent poursuivre leur voyage vers le Sud. Nous restons une journée supplémentaire dans la capitale. Chantal s’achète une visière en prévision de notre séjour à Koh Lanta. De mon côté, je trouve une casquette qui me convient. Nous profitons d’être seuls pour aller trainer dans l’après-midi du côté du That Luang que nous n’avons pas encore vu cette année. Considéré comme le plus important du pays, ce temple tout doré contiendrait un cheveu de Bouddha. C’est lui qui figure sur les armoiries du Laos et ses billets de banque. Photographiquement parlant, comme chaque fois à cette heure de la journée où il se pare d’une teinte magnifique, nous nous éclatons en cherchant nos angles de prise de vue. Je tombe cette fois sur un groupe de jeunes Coréennes toquées de selfies. Au lieu de les éliminer, je les intègre dans le cadre. Ça change un peu !
La réceptionniste nous réserve deux billets pour demain soir. Nous avons choisi de faire le trajet de Vientiane à Bangkok, puis celui de Bangkok à Krabi en bus. J’avais étudié le voyage en avion, mais, hormis un coût supérieur, c’est surtout le fait d’atterrir tard le soir à Phuket qui me dérangeait le plus. Nous n’aurions pu rejoindre Krabi que le lendemain. Et où aurions-nous dormi ? À mes yeux, aucun réel avantage pour ce mode de transport, donc…
Un tuk-tuk doit venir nous chercher à 17 heures. Nous passons notre dernière journée à l’hôtel ; d’abord dans la chambre jusqu’à midi, puis dans le lobby où les serveurs s’occupent très bien de nous en nous apportant boissons et en-cas sans que nous demandions quoi que ce soit. Voilà qui touche les anciens commerçants que nous sommes ! J’en profite pour regarder en direct un match de tennis de l’Open d’Australie sur le grand écran de la réception. Vers 16 heures, Chantal s’en va chez Les Trois Sœurs acheter un gros paquet de rouleaux de printemps que nous nous partageons à la gare routière en attendant le départ du bus de nuit.
Adieu donc le Laos et bonjour la Thaïlande !…
© Alain Diveu