Alain Diveu
  • Accueil
  • Galeries
  • Blog
  • iBooks
  • Profil

Cambodge : Kampot et Kep

06/12/2015

Le bras de Chantal lui fait mal. Nous ne bougeons donc pas durant trois jours. J’en profite pour travailler un peu et mettre mon site à jour. On se renseigne aussi sur le trajet vers Koh Chang, une ile thaïlandaise que nous ne connaissons pas encore.
Lors d’une recherche sur internet, je tombe par hasard sur de bons commentaires vantant les plats d’un restaurant devant lequel nous passons tous les jours et qui ne nous avait pas attirés tant que cela. Pour changer, nous nous y arrêtons ce soir. Chantal assure avec une belle assiette de poulet aux nouilles. Pour ma part, je choisis un énorme lok-laket la sauce citronnée au poivre noir, servie avec, est sublime. Nous promettons à Jack, le patron cambodgien, de revenir.

Ce matin, nous louons une moto pour enfin aller nous balader dans la campagne environnante qu’on nous a dite très jolie. Dès la sortie de la ville, je m’arrête dans les marais salants, pas encore en eau; dommage pour les photos, moins spectaculaires dans ces conditions. Quelques kilomètres plus loin, je quitte le goudron pour emprunter une piste qui s’enfonce au milieu des rizières. Bien assise derrière moi, Chantal ne bronche pas. Il faut avouer que la route en terre offre un revêtement meilleur et moins bosselé que certaines parties de la chaussée asphaltée. Les vaches, hautes et maigres, paissent le long du chemin, attachées à une corde. On ne rencontre pratiquement que des bêtes solitaires. Pour faire exception, dans une ferme devant laquelle nous stoppons, nous tombons sur un troupeau de… trois bovins! À voir les maisons de cette contrée, on se doute bien que la richesse n’est pas au rendez-vous. Pourtant, partout où nous nous arrêtons, les gens nous accueillent avec un grand sourire et beaucoup d’entre eux s’inquiètent de l’état de santé de Chantal. Grâce aux gestes, nous comprenons qu’ils compatissent à son infortune. Dans un village, à l’embranchement de deux pistes, une femme nous vend une bouteille d’eau fraiche bien moins chère qu’à Kampot. En plus d’être adorables, ils sont aussi tout à fait honnêtes!
Dans les champs, le riz parait mûr. Les moissons ont d’ailleurs déjà débuté dans quelques endroits. Les rizières font parfois place à des parcelles cultivées où les jardiniers font pousser toutes sortes de légumes. Cela va du chou à la salade, de la pomme de terre à l’oignon et plein d’autres choses que nous voyons sur les étals, mais dont nous ignorons le nom.

Après une dizaine de kilomètres à travers ces jolies scènes rurales, nous retrouvons la route bitumée qui nous emmène jusque Kep où nous nous arrêtons, comme la dernière fois, devant le typique marché aux crabes. Les visiteurs, qu’ils soient étrangers ou non, y achètent les petits crustacés bleutés sortis par kilos des paniers entreposés dans la mer, sous le ponton en bois. Ils se les font ensuite préparer, au poivre rouge ou simplement bouillis, par une armée de cuisinières qui se démène avec les marmites et les woks posés sur les foyers en terre. L’odeur alléchante nous tente un instant, mais, après réflexion, nous décidons de patienter encore quelques jours et de nous les offrir pour le dernier soir à Kampot. Les papilles émoustillées, nous nous vengeons sur un cornet de glace artisanale à la noix de coco qu’un vieux monsieur en vélo propose à la clientèle locale. Seuls quelques touristes téméraires comme nous le sommes osent la tester. Mais, il faut dire qu’avec la chaleur et les conditions de conservation précaires, ils n’ont peut-être pas tort. Quoi qu’il en soit, nous saurons d’ici une petite heure si le produit était sain… Il l’était. Ouf!

Sur la plage sans grand intérêt de Kep, bande de sable rapporté envahie par les plastiques et les bouteilles vides, nous retrouvons Manu et Jean-Michel qui prennent un dernier bain avant de filer sur Phnom Penh tout à l’heure. La température de la mer avoisinant les 30°, voire plus, Chantal tient à se baigner malgré son plâtre. Pour ce faire, je l’aide à maintenir son bras droit hors de l’eau. Après nous être séchés quelques instants au soleil, nous remontons sur la moto et poursuivons la promenade le long du littoral. Nous tombons ainsi sur un village de pêcheurs dont les maisons sur pilotis se pressent près d’une vieille jetée en bois dont les planches disjointes font frémir de plaisir le photographe qui est en moi. Je n’ai pas pris mon Nikon D700, mais mon iPadjoue parfaitement son rôle de secouriste. Je parviens même à saisir la belle lumière de l’orage qui se prépare au loin. Ne faudrait-il d’ailleurs pas se hâter un peu pour effectuer le chemin du retour?

Arrivés sans encombre et sans une goutte de pluie à Kampot, nous allons savourer nos bières dans notre bar habituel. Mais, au moment de payer nos consommations, le patron que nous pensons être scandinave et qui nous sert depuis une dizaine de jours maintenant retoque tout bonnement le billet de 20 $ que je lui tends, prétextant qu’il est écorné; pas déchiré du tout, mais bêtement replié sur lui-même dans l’un des coins. Je lui prouve qu’il est bien entier, mais il refuse de nouveau. Je lui en donne donc un autre, époustouflé par son manque de tact. Exigeant qu’il me rende la monnaie en dollar et non en riel comme il l’a souvent fait à mes dépens, il comprend simplement à cet instant qu’il ne nous verra plus jamais. Heureusement, le lok-lakde Jack, aussi bon et copieux qu’hier, me fait vite oublier mon irritation de tout à l’heure.

Les journées s’égrènent, tranquillement. Pour reposer le bras de Chantal, nous restons de temps en temps à la guesthouse. Les Français y viennent en nombre, aguichés par les commentaires dithyrambiques du guide le plus populaire de notre pays. Nous faisons ainsi la connaissance de personnes souvent intéressantes et de tout âge, comme ces trois amis à la retraite qui sillonnent le Cambodge du nord au sud, comme cette jeune fille qui voyage seule à travers toute l’Asie, comme cette dame d’un certain âge qui est volontaire dans une ONG ou bien encore comme cette femme qui n’aime pas du tout le Cambodge et qui organise son départ en Thaïlande pour le lendemain. Bref, les conversations vont bon train et l’ambiance, bien entretenue par le vieux patron de 82 ans, à qui l’on donnerait 10 ou 15 ans de moins, et son fils est chaleureuse.

Nous louons une dernière fois une moto pour retourner faire un tour dans la campagne où la gamme des verts domine toutes les autres. Des maisons peintes en bleu ou en rouge apportent encore un peu plus de gaité à ce décor champêtre. Près d’une colline, je suis en train de photographier les jardins qui l’entourent lorsqu’un homme avec qui j’ai échangé quelques mots ce matin à la guesthouse sort d’une grotte qui abrite un temple. En seulement quelques minutes, il m’apprend un tas de choses sur la construction des canaux d’irrigation, tel celui devant nos yeux, et sur le Cambodge en général. Je le trouve passionnant, le lui dis et lui demande s’il est historien. Il me rétorque qu’il est journaliste à la télévision. Nous rejoignons, lui, son chauffeur de moto qui le promène dans la région et moi Chantal qui patiente assise à l’ombre dans un tuk-tukdont le conducteur attend lui aussi ses passagers partis visiter la grotte. Au moment de le quitter, je lui pose une ou deux questions sur les Philippines qu’il connait apparemment très bien, mais n’ayant pas le temps de décortiquer ses réponses, il me donne sa carte pour que je le contacte lorsque j’aurai besoin de ces renseignements. De retour à Kampot, je m’apercevrai, en surfant sur le net, qu’il s’agit en fait d’un très grand reporter, réputé pour la qualité de ses reportages et qui effectue très régulièrement des enquêtes difficiles et exclusives à l’étranger pour des magazines comme 52 sur la Une et Spécial investigation pour les plus célèbres. Tout le monde en a vu au moins un. La liste de ses récompenses internationales est réellement impressionnante. Cet homme reconnu a pourtant su faire preuve de beaucoup d’humilité pour se mettre à notre hauteur intellectuelle. Un grand monsieur, vraiment!

Une fois de plus, la balade se termine par un bain de mer à Kep, sur la plage encore plus sale que la dernière fois. Et dire que nous ne sommes qu’au début de la saison… Après nous être désaltérés d’un bon jus de canne à sucre, nous reprenons le chemin du retour par le même itinéraire que celui de l’aller. La lumière de ce milieu d’après-midi met d’avantage en relief la beauté des paysages que celle de ce matin, trop blanche. J’en profite jusqu’au moment du coucher de soleil. Je m’aperçois à cet instant qu’il reste une dizaine de kilomètres à effectuer. J’espère ne pas me tromper sur ce trajet campagnard sans aucun panneau et, un œil inquiet rivé sur l’aiguille de la jauge d’essence qui indique le réservoir vide, je m’engage sur la piste assez fréquentée à cette heure de la journée. Tout se passe heureusement bien. Nous arrêtons la moto devant la guesthouse au moment où la nuit est en train de tomber.

L’avant-veille de notre départ, nous commandons des crabes au poivre rouge à Jack pour le lendemain. La fraicheur devrait donc être au rendez-vous.

Pour notre dernier soir, lorsque nous arrivons au restaurant, nous demandons comme d’habitude deux bières (en plus de notre cantine, c’est aussi devenu notre point de chute «apéritif» depuis l’affaire du dollar chiffonné). La cuisinière attend avec une certaine impatience que nous lui donnions le signal pour commencer la fameuse préparation. L’odeur qui se dégage de la platée que le patron dépose devant nos assiettes nous fait saliver d’envie. Sans perdre une seconde, nous l’attaquons. La sauce, bien évidemment poivrée, ne nous met absolument pas la bouche en feu, mais, au contraire se marie extrêmement bien avec les crabes. Nous apprécions tous les deux. Même Chantal, avec son bras en écharpe, arrive à extraire sans difficulté particulière la chair délicate des crustacés. Le plat, pourtant très bien servi, ne résiste pas très longtemps à notre gourmandise. C’est certain, nous garderons un souvenir impérissable de cette spécialité de Kampot.

Pour notre départ, le papy nous offre une écharpe à chacun, désolé qu’il est de voir Chantal avec son plâtre. Nous faisons une dernière fois rire aux éclats Lim Lay Heng, son petit-fils qui a l’âge d’Octave. Toute la famille se précipite pour nous saluer lorsque nous montons dans le minivan venu nous chercher. Un des clients présents s’approche de Chantal pour lui avouer qu’il nous regrettera. Même si ce lieu restera maudit pour Chantal, nous devons aussi dire que nous nous y sommes très bien plu.

En un mot, nous nous languirons de Kampot et de sa relative tranquillité.

Et maintenant, direction Koh Chang…

Tags: Cambodge Kampot Kep
Image
L'heure de la sieste
13/07/2022
Image
Carnet de voyage : Laos
23/06/2022
Image
Tribulations
21/05/2022
Previous post
Next post
Traduction
Mon Instagram
Tour de l’Horloge à Chiang Rai #thailande #tha Tour de l’Horloge à Chiang Rai

#thailande #thailand #chiangrai #clocktower #horloge #flouartistique #carrefour #couleurs #colorful  #art #architecture #alaindiveu #alaindiveuphotographie #voyage #voyager #traveler #experienceroutard #leroutard #travelpics #aroundtheworldtravel #tourdumonde #instatravel #fautpasrever #instavoyage #yourshotphotographer #photodenuit #colorphotography  #animanpdm
Dans une fabrique de sari #inde #india #pali #ra Dans une fabrique de sari 

#inde #india #pali #rajasthan #portrait #fabric #portraitphotography #sari 
#alaindiveu #alaindiveuphotographie #voyage #voyager #traveler #natgeo #portraitart #natgeotravel #experienceroutard #leroutard #travelpics #worldtravel #tourdumonde #instatravel  #humanity_shots #fautpasrever #instavoyage #sight_people 
#yourshotphotographer #colorful #people_infinity #animanpdm
Sadhu de Pashupatinath à Kathmandu #nepal #kath Sadhu de Pashupatinath à Kathmandu 

#nepal #kathmandu #katmandou #pashupatinath #portrait #sadhu #portraitphotography 
#alaindiveu #alaindiveuphotographie #voyage #voyager #traveler #natgeo #portraitart #natgeotravel #experienceroutard #leroutard #travelpics #worldtravel #tourdumonde #instatravel  #humanity_shots #fautpasrever #instavoyage #sight_people 
#yourshotphotographer #reallife #portraiture #people_infinity #animanpdm
Balinaise sur le marché de Gianyar #indonesia #i Balinaise sur le marché de Gianyar

#indonesia #indonesie #bali #gianyar #portrait #portraitphotography 
#alaindiveu #alaindiveuphotographie #travelmoments #voyage #voyager #traveler #natgeo #portraitart #natgeotravel #experienceroutard #leroutard #travelpics #worldtravel #tourdumonde #instatravel  #humanity_shots #fautpasrever #instavoyage #sight_people 
#yourshotphotographer #reallife #portraiture #people_infinity #animanpdm
Paysage du Arches NP aux USA #arches #archesnatio Paysage du Arches NP aux USA

#arches #archesnationalpark #moab #utah #usa #landscape #landscapephotography  #nationalpark #rouge #rocher 
#alaindiveu #voyage #voyager #travel #traveler #travelphotography #yourshotphotographer #routard #experienceroutard #echappees_belles  #worldtraveler #tourdumonde #beautifulcolors #instatravel #instavoyage #picoftheday #instaplace #animanpdm
Église de Saint Henri à Hell-Bourg #lareunio Église de Saint Henri à Hell-Bourg 

#lareunion #france #salazie #hellbourg #eglise #vitraux #vitrail #couleurs #colorful  #art #architecture #alaindiveu #alaindiveuphotographie #voyage #voyager #traveler #experienceroutard #leroutard #travelpics #aroundtheworldtravel #tourdumonde #instatravel #fautpasrever #instavoyage #yourshotphotographer #colorful #colorphotography  #animanpdm

© Alain Diveu 2019-2023

@ Alain Diveu 2019

Add comment

Comments