En ce jour de l’An, tandis que les touristes dans leur quasi-majorité viennent seulement de se coucher, notre réveil sonne bien avant que le jour ne soit levé. Je dois, en effet, boucler mon sac, ce qui me prend beaucoup plus de temps qu’à Chantal. Allez savoir pourquoi! Pas de soupe ce matin, donc; je suis trop lent et, en plus, il est trop tôt. Le taxi arrive même avec de l’avance et à 7 heures, heure à laquelle il devait passer nous chercher, il trace déjà la route vers l’île de Langkawi, au large de la Malaisie dont elle fait partie. Nous ne sommes que deux couples à l’intérieur du van. Qu’il est agréable de voyager un matin de 1er janvier! Cela nous change du tout au tout des minivans habituellement bondés que nous empruntons. À Satun, on prend un songthaew pour effectuer les derniers kilomètres jusqu’au port. Une fois en règle avec les formalités douanières, nous embarquons à bord d’un ferry. Le bateau ressemble plus à une grosse vedette rapide qu’à un bâtiment de transport de véhicules. D’ailleurs, sa configuration est telle qu’il ne peut en recevoir. Je monte, dès le début de la traversée sur le minuscule pont, théoriquement interdit aux passagers, mais où un membre d’équipage m’a autorisé à m’installer. Sympa!
Une heure plus tard, une fois débarqués à Kuah, le port et la capitale de l’île, et en l’absence de bus publics, nous tentons de négocier vainement un taxi. Affichés, les tarifs sont fermes et définitifs. Le conducteur nous dépose à l’adresse que nous lui avons indiquée, 22 kilomètres plus loin. Malheureusement pour nous, en ce week-end de nouvelle année, une pancarte Full trône à l’entrée. Qu’à cela ne tienne, le chauffeur nous montre d’autres maisons d’hôtes et hôtels à prix corrects dans le coin. Comme tout à l’heure, tous affichent complet. Depuis que nous voyageons, une telle mésaventure nous arrive pour la première fois. Au bout d’une heure de vaine recherche et après concertation, nous décidons de retourner à la première guesthouse et demandons au tenancier s’il veut bien garder nos bagages jusque demain, jour où l’une de ses chambres se libère. Nous lui expliquons que nous mangerons tranquillement, trainerons tard dans un bar et nous reposerons sur le sable de la plage sous le plafond du ciel étoilé. La température nocturne d’ici permet ce genre de choses. La bonté du propriétaire entre alors en action. Il ne peut se résoudre à nous laisser dans l’embarras et nous propose un local, sorte de lingerie, dans lequel il va disposer deux matelas. Il nous fournira même les draps et les serviettes de toilette. Nous acceptons, bien entendu, trop heureux de passer la nuit sous un toit et, surtout, de pouvoir dormir. La femme de ménage et la réceptionniste se mettent aussitôt à arranger la pièce. Leur gentillesse nous émeut franchement, d’autant plus que le patron refuse toute rémunération pour son aide. Notre séjour malais démarre sous les meilleurs auspices. Pour fêter notre arrivée, nous allons siroter une bière sur la plage de Cenang tout en contemplant le beau coucher de soleil qui se prépare. Une fois l’astre englouti par la mer, nous dinons dans un restaurant indien près de là.
Nous avons très bien dormi dans nos lits de fortune nichés sous une moustiquaire. Sitôt levée, Chantal se fait une petite frayeur en restant enfermée dans les toilettes derrière la maison: le loquet en plastique qui retient la porte ne voulant plus s’ouvrir. Après avoir un peu tout secoué, elle en ressort quelques minutes plus tard, la voix éteinte et le regard noir. Comme si je pouvais y faire grand-chose! Après les roti banane du même restaurant indien qu’hier soir et une balade digestive le long de la mer, nous prenons possession de notre chambre. Claire, bien équipée, avec deux grands lits, elle nous convient très bien. Nous prenons un café, mis à disposition des clients, avant de partir profiter, à quelques centaines de mètres de là, de la plus longue plage de l’île.
Nous ne nous attendions pas à trouver Langkawi telle que nous la découvrons. Certes très fréquentée, elle reste cependant plus sauvage et moins construite que sa voisine Penang, à 110 kilomètres plus au sud, que nous connaissons bien. Son flux, toujours grandissant, de visiteurs en fait la première destination touristique du pays. La ronde incessante des avions qui atterrissent et qui décollent de l’aéroport tout proche le prouve sans conteste. Devenue zone franche, elle attire aussi pas mal de Malais venus y faire des achats d’alcool et de cigarettes tout en profitant de leur séjour. Les voitures y sont, parait-il, beaucoup moins chères que sur la péninsule. Près du littoral, il reste encore du terrain inoccupé, ce qui n’est plus le cas dans certains coins que nous avons visités ailleurs en Asie. Lors de notre arrivée en bateau, nous avons navigué au milieu de superbes paysages. La mangrove et les formations karstiques règnent en maitre sur la partie est de la côte, tandis que les plages se regroupent plutôt au nord et à l’ouest. À l’intérieur, les collines recouvertes par la jungle laissent parfois la place à de petites plaines tapissées de rizières. Les amateurs de trek trouveront de nombreux buts à leurs promenades, telle une cascade par exemple.
En ce qui nous concerne, nous préférons nous vautrer sur le sable fin et nous baigner aussitôt que nous sommes secs, c’est-à-dire tous les quarts d’heure! Je profite d’une rencontre avec un Grec pour m’amuser au volley avec lui. Si je joue certainement moins bien aujourd’hui qu’à l’époque où je pratiquais plus régulièrement, je suis agréablement surpris de constater que je possède encore de beaux restes. T’as vu, Chantal?! Après la partie, j’accompagne mon partenaire dans la piscine du palace à côté. Je n’en reviens pas de notre audace. Après ce bain réparateur où nous avons osé profiter des gros bouillons du spa extérieur, je retrouve ma femme venue s’allonger… sur un joli transat matelassé du même hôtel! Pour ne pas la laisser seule, nous prenons, nous aussi, place près d’elle. C’est vrai qu’ils sont confortables, ces fauteuils…
Ainsi se passe tout notre séjour sur Langkawi. Une véritable semaine de vacances, pas même entrecoupée d’une quelconque visite: seulement du farniente. Cela fait du bien de temps en temps.
La dernière nuit effectuée, nous remercions vivement le patron de la guesthouse pour son aide et sa gentillesse.
Nous avons également une pensée pour la Happy Family qui poursuit sa route quelque part du côté de Bangkok et qui nous avait chaudement recommandé cet endroit…