Le soleil de ce matin nous incite à retourner à la plage. On espère mieux y combattre la chaleur. La mer est calme, mais une légère brise vient nous caresser agréablement. L’eau affiche toujours une température qui ne nous rafraichit même pas lorsque nous nous y baignons. Nous admettons que c’est difficile à croire, pourtant c’est vrai ! Les touristes sont rares aujourd’hui, qu’ils soient asiatiques ou arabes. Quant aux blancs, il n’y en a jamais beaucoup ici.
Après diner, j’invite Alain à rentrer dans le magasin Body Glovedevant lequel on passait. J’aurais dû m’abstenir. À peine cinq minutes plus tard, il ressort avec un ticheurte imprimé qui se marie heureusement très bien avec son bermuda en jean. «Essayé, c’est acheté !» avait l’air sa devise d’aujourd’hui. Soldé à 50%, il aurait eu tort de s’en priver. L’affaire valait le coup. Entre le séjour de Bali et celui-ci, il vient de refaire presque entièrement son paquetage ; il n’arrête plus. Son sac va vraiment devenir trop petit ! Et moi, alors ?
À 9 heures ce matin, en allant chercher de l’eau au refill, j’ai trouvé qu’il faisait déjà très chaud. Dire que nous recevons des nouvelles de France qui nous apprennent que le froid règne encore en cette saison ! Alain l’avait constaté en suivant un peu le tournoi de Roland Garros sur son iPad. Quitte à faire sourire, nous aimerions franchement avoir, nous aussi, un peu de fraicheur.
Nous sommes passés dans la rue Victoria revoir notre café préféré architecturalement : l’Awesome Canteen, grand loft en béton, nu pour les murs et ciré pour le sol. Tables de cantine d’école, chaises en bois dépareillées, fauteuils cubiques en fil de fer tressé ou en plastique habillent le décor brut que viennent agrémenter quelques arbres d’intérieur. Ce matin, nous nous installons pour la première fois sur la terrasse ombragée. Le café qu’on nous sert nous ravigote les papilles. Nous n’en avons pas bu de meilleur depuis notre dernier séjour sur en France, c’est-à-dire depuis pratiquement un an ; nous avions carrément oublié ce goût-là. Le prix aussi d’ailleurs, car il est au même tarif, sinon plus cher, qu’en France. Comme pour se faire pardonner, le serveur nous apporte peu après deux verres d’eau glacée. Nous restons un bon moment dans cet endroit calme et agréable à bouquiner sur nos tablettes. Il est 13 heures lorsque nous rentrons à l’hôtel pour y passer les heures les plus chaudes.
Aujourd’hui encore, nous retournons prendre le frais dans les confortables fauteuils du palace Eastern & Oriental Hotel ; deux heures et demie cette fois. On ne se refuse plus rien ! Puis nous allons nous reposer dans le nôtre, beaucoup plus modeste, une bonne partie de l’après-midi.
Pour changer, aujourd’hui, la chaleur nous tombe dessus dès le lever ! Cela devient une rengaine, mais nous en souffrons un peu. Chantal a un mal fou à dormir et nous passons pas mal de temps sous la douche où même l’eau froide est chaude ! Dur, dur !
Pour la première fois, Octave a joué avec nous sur FaceTime. Attentif, il nous regardait sur son écran et semblait réellement nous écouter et comprendre. Quand Alain lui sifflait une chanson, il ouvrait grand les yeux et souriait. Il a même retiré sa tétine pour reproduire ce qu’il me voyait faire. Il a ainsi chanté, à sa manière bien sûr, un air en se tapotant la bouche avec la main, puis nous a dit «avvvooaa» en agitant la menotte et en nous envoyant un bisou. Trop mignon ! En deux semaines, il a vraiment fait beaucoup de progrès. Aujourd’hui, il a 11 mois.
Nous nous baladons à travers la ville qui nous semble plus calme en cette période de ramadan. Ainsi, au restaurant, nous sommes en général seuls lorsque nous prenons nos roti pisangdu matin. Je pense que c’est un gros manque à gagner pour toutes les cantines musulmanes. Hormis le premier soir où la nôtre était bondée, le diner est beaucoup moins fréquenté lui aussi. Nous ne nous attendions pas à cela. Ni d’ailleurs au calme qui règne durant la nuit. D’habitude, le brouhaha du restaurant ouvert 24 heures sur 24 juste sous nos fenêtres nous berce. Mais depuis une semaine, nous n’entendons plus rien. Incroyable ! Le silence nous réveillerait presque…
Il a plu une bonne partie de la nuit et ce matin nous devons nous abriter pour rejoindre le restaurant. La température a chuté de quelques degrés et nous respirons enfin un peu mieux. À 10 h 30, après le petit-déjeuner tardif, je profite d’une accalmie pour me rendre à la station de bus et grimper dans le 401E qui va me déposer devant Queensbay Mall. Je m’étais promis de revenir seule, sans mon grognon de mari, faire tranquillement les magasins. Aujourd’hui lundi, la foule dominicale n’arpente plus les allées comme la semaine dernière. Je prends mon temps pour en faire le tour et retourne, les mains vides, en milieu d’après-midi à l’hôtel. Alain qui ne m’attendait pas si tôt est en train de réécrire mes notes et mettre en forme ce carnet de voyage.
Ce matin, nous restons un peu flemmarder au lit en prenant connaissance des nouvelles fraiches sur nos journaux respectifs : Alain commence invariablement par Eurosporttandis que j’épluche Ouest-France. Mais les estomacs criant famine, nous nous rendons, sitôt la douche, sur le petit marché où la soupe de notre stand préféré nous régale toujours autant.
Le ciel bleu nous faisant de l’œil, nous sautons ensuite dans le bus n° 101 pour aller à la plage. Nous y arrivons un peu après 11 h 30, bien plus tard que d’habitude. Malgré le soleil brulant, nous ne souffrons pour une fois pas trop de la chaleur, une légère brise s’étant agréablement levée avec la marée montante. Ici, on est très loin des coefficients bretons, mais assez proche de ceux de la Méditerranée ; avec la faible amplitude, la mer reste toujours proche du rivage. Nous en profitons pour nous rafraichir un peu en nous baignant régulièrement. Mais nous avons du mal à étancher notre soif. La bouteille d’eau que j’ai amenée ne nous suffit pas ; je dois aller en acheter une autre, fraiche celle-là, à la station-essence près de l’arrêt de bus. Nous buvons le litre et demi en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire !
Depuis que nous sommes arrivés à George Town, nous n’avons pas encore emprunté la navette gratuite qui sillonne une partie de la ville. C’est chose faite ce matin pour nous rendre près du port. Alain s’installe à l’ombre pour lire un bouquin de Bernard Ollivier. Quant à moi, je cherche et je trouve le comptoir pour les billets de train situé juste derrière la station de bus des quais. En fait, je pense que nous prendrons le car, moins cher, plus facile, mais un peu plus lent pour aller dans une dizaine de jours à Kuala Lumpur.
Cet après-midi, Alain retourne au Gurney Plaza, pas pour des chaussures cette fois, mais pour voir les montres. Il est en effet très déçu de sa fausse Rolexachetée il y a deux mois à peine et qui a beaucoup de mal à fonctionner correctement. Il n’a tout de même pas oublié de glisser la carte Visa dans son sac avant de partir ; c’est ce qui m’inquiète un peu. Et j’avais raison ! Il revient tout excité à la tombée de la nuit avec une Casio Edificeétincelante autour du poignet ! Et ce n’est pas de l’imitation cette fois ! Il a pris bien soin de l’acheter dans une boutique de la marque japonaise.
Ce petit bijou pour ses 60 ans : que puis-je dire ? Rien évidemment. D’ailleurs, lui non plus ne dit pas grand-chose, car durant tout le repas, il ne la quitte pas des yeux sa tocante. Un vrai gamin !
Repos à l’hôtel aujourd’hui avec, pour Alain, réglage de la montre par Bluetooth depuis son iPad… Et ça prend du temps !
J’ai donc tout le loisir de regarder un film sur le mien…
Un violent orage dont les éclairs se succédaient à un rythme d’enfer au milieu du vacarme assourdissant du tonnerre et du déluge conjugués s’est abattu hier soir sur la ville. Et la pluie continue de tomber une bonne partie de la journée. La température a chuté de quelques degrés rendant l’atmosphère enfin plus respirable. Nous attendions cela depuis des lustres.
Alain en profite pour travailler sur son site dans notre grande chambre du deuxième. Quant à moi, pour bouquiner tranquillement sur mon iPad, je squatte le vieux canapé du premier étage pour avoir encore plus d’air sous le vieux ventilateur qui ne s’arrête jamais de tourner.
Une fois n’est pas coutume, nous empruntons un parapluie à notre logeuse pour aller manger ce soir.
Comme il tombait encore quelques gouttes au lever du jour, les stands du petit marché local qui arrivent à cette heure-là sont restés fermés pour la plupart. Dommage, car à 9 heures, le soleil brille de nouveau. Ayant envie d’un laksadepuis longtemps, Alain me propose d’aller en manger un dans un boui-boui que nous avons repéré dès notre arrivée. Le serveur dépose devant chacun de nous une grande assiette de soupe aux nouilles et… au poisson ! Alain n’avait pas prévu ça du tout ! Il faut tout de même avouer qu’avaler une soupe de poisson au curry pour le petit-déjeuner est devenu chose rare par chez nous où le sucré domine. Heureusement, le vieux cuisinier s’est donné du mal et le résultat nous ravit tous les deux. Pour atténuer le goût persistant des épices dans notre bouche, nous avons acheté une barquette de fruits frais prêts à être dégustés. Cela nous rafraichit un peu l’haleine. Par contre, en ce qui concerne la digestion, autant cela se passe sans problème pour moi, autant Alain a des rots aromatisés une bonne partie de la journée. Je serais surprise qu’il m’invite à une nouvelle dégustation matinale de ce pourtant succulent Penang laksa !
Tandis qu’Alain reste bosser sur son journal de bord, je retourne en début d’après-midi au centre commercial M Mall. Il y a plus de monde que la première fois ; cela arrive souvent le week-end. Sur le chemin du retour, j’ai la surprise de croiser Alain qui venait à ma rencontre. Nous avions une chance sur cent de nous retrouver et nous sommes tombés dessus ! Incroyable ! Nos pas nous emmènent ensuite jusqu’aux quais où nous nous arrêtons déguster un verre de jus de canne à sucre bien rafraichissant.
Ce soir, nous trouvons le restaurant bondé. Les serveurs nous installent sur une table sur le trottoir : sympa, mais bruyant avec la centaine de Harley Davidsonqui défilent dans la rue !
Une fois dans notre chambre, nous pouvons discuter avec les enfants sur FaceTime. Octave parade lui aussi, très fier sur sa voiture qu’il a eue aujourd’hui.
Avec le ciel chargé de ce matin, nous devons nous satisfaire une fois encore de roti pisang. Heureusement que nous les apprécions tous les deux ! Nous allons ensuite flâner dans les ruelles du coin. Sans vraiment nous en rendre compte, nous tombons sur la fameuse animalerie spécialisée dans les aquariums et tout ce qui rentre dedans. Nous y venons au moins une fois à chacun de nos séjours. Agréable, propre, climatisé, il nous arrive d’y passer deux heures ou plus sans nous ennuyer un seul instant. Nous restons bouche bée devant le grand nombre de variétés de poissons, mais aussi et surtout devant le prix incroyablement bas auquel ils sont proposés. Pour seulement quelques euros, une dizaine tout au plus, Alain aurait pu peupler notre aquarium. Il n’en revient pas. Une partie de cet immense magasin est réservé aux autres animaux : chiens, chats, oiseaux, toutes espèces de rongeurs, de serpents, d’iguanes ou d’araignées géantes. Un ara jaune et bleu, plus gros qu’un canard, nous subjugue par la taille de son bec avec lequel il s’agrippe aux barreaux de sa cage. Pas du tout envie de lui tendre un doigt !
Après avoir enfin pu savourer notre soupe ce matin, nous prenons le bus n° 101 qui nous dépose devant la plage de Batu Ferringhi. Alain a chronométré le temps du trajet : 45 minutes. Mais ça, je le savais déjà; et sans sa montre multi-usage… ! Avec la marée haute, il reste peu de sable sec pour que je puisse étendre ma serviette. Sans demander son reste, Alain s’installe sur la pile de transats enchainés qui semble être devenue sa propriété au fil des après-midis passés ici. Lui qui prône tant la galanterie me permet tout de même de m’y allonger de temps en temps. En fait, pour dire toute la vérité, on s’y relaye…
En trainant dans les rues peu fréquentées du centre, nous tombons sur une nouvelle murale, peinte il y a seulement trois jours. L’odeur de café qui se dégage de l’Awesome, un bar-restaurant hyper branché, nous attire irrémédiablement. Nous sommes souvent passés devant ce bâtiment ancien rénové qui nous tapait dans l’œil avec ses murs et son sol en béton brut savamment «abimé», son mobilier insolite et ses arbres en plein milieu du restaurant. Nous installons sur la terrasse, bien calés dans des fauteuils des années 70. Le personnel, extrêmement gentil et serviable, nous sert un verre d’eau avant les grandes tasses d’un très, très bon café que nous prenons tous les deux le temps de déguster. Rien que d’y repenser en écrivant ces lignes, j’ai les papilles en effervescence !
Je passe une partie de l’après-midi à chercher de la crème solaire Nivea. Mais le produit se fait rare ici. J’en trouve tout de même en promotion dans une pharmacie Watsonà un prix raisonnable.
J’ai mal dormi, car j’avais chaud. Alain, lui, pionce à poings fermés et ça m’énerve ! La douche que j’ai prise vers deux heures du matin m’a tout de même calmée. Mais vers 5 h 30, le muezzin de la mosquée d’à côté a chanté fort et longtemps dans son haut-parleur nasillard et m’a réveillée alors que je venais juste de me rendormir. Et Alain qui continue de dormir comme si de rien n’était. Ce n’est pas juste !
Dans la matinée, nous retournons prendre un café au Awesome, car nous aimons beaucoup le produit et l’endroit calme et reposant. J’en ai grandement besoin après ma nuit gâchée.
Pour notre dernière journée à George Town, nous allons encore une fois nous vautrer dans les beaux fauteuils de l’hôtel Eastern & Oriental. Nous y passons tranquillement la matinée avant de retourner dans le nôtre préparer les sacs pour le départ de demain matin. Et comme Alain ne veut surtout pas manquer l’Euro de football qu’il regarde sur son iPad, nous partons diner relativement tôt pour qu’il soit opérationnel pour le début du match de 15 heures. Avec le décalage horaire, il sera 21 heures ici.
Nous saluons chaleureusement nos hôtes en leur disant à la prochaine fois et grimpons dans le van venu nous chercher à l’hôtel pour nous déposer à la station de la tour Komtar. De là, un bus nous emmène dans une autre gare routière près d’un des ponts qui relient l’ile au continent. Nous y passons 45 minutes avant de prendre enfin la direction de la capitale.
Le voyage dans un car confortable se termine à 13 heures à Sentral, comme prévu. De là, nous empruntons le métro qui nous dépose, après un changement, à quelques pas de notre logement. De jeunes hommes m’aident par deux fois à monter et descendre les escaliers en portant mon sac. Alain, qui avait pris de l’avance dans les couloirs, se réjouit d’y avoir échappé !
À l’hôtel, nous héritons de la chambre voisine de celle que nous occupions la dernière fois.
Nous partons ensuite en ville faire un tour dans les magasins de surf pour trouver un bermuda. Ceux d’Uniqlone plaisent que moyennement à Alain et les boutiques RipCurlet QuickSilverque nous connaissions n’existent plus. Elles ont peut-être été transférées ailleurs, mais nous ne savons pas où. Depuis avril, il y a encore eu beaucoup de changements dans les centres commerciaux et dans les rues. C’est incroyable la vitesse à laquelle se développent les différents quartiers du centre-ville ; comme d’ailleurs évolue le restaurant indien SK qui avait notre préférence depuis des années. Ce soir, nous y mangeons si mal qu’Alain ne veut plus y revenir à l’avenir.
À 11 h 20, nous montons dans le bus qui va nous emmener à l’aéroport KLIA.
Celui-ci nous semble sans vie aujourd’hui : passage ultra rapide à l’enregistrement, absence de queue à la douane et rares clients dans les magasins. Nous n’avions jamais vu ce terminal aussi peu animé, même de nuit. À quoi cela est-il bien dû ? Au ramadan ? Nous ne le saurons pas…
L’avion de la Malaysia Airlinesdécolle même avec un peu d’avance. Tant mieux, nous arriverons ainsi plus vite à Bali…