Nous prenons place presque à l’heure dans le minibus venu nous chercher à la guesthouse et qui va nous emmener à Vientiane, la capitale du Laos. Trois grosses heures plus tard, à 13 heures, j’hérite de la seule chambre libre de l’hôtel où nous sommes venus la dernière fois et qui s’était avéré très bon rapport qualité-prix pour le pays. Je retourne chercher Chantal qui est restée garder les bagages près de l’arrêt du bus et, à 14 heures, lorsque nous passons devant la réception après une douche rafraichissante pour partir faire un tour en ville, la responsable nous invite à nous asseoir à une table du restaurant et à choisir une crêpe. En France, on fête aujourd’hui la Chandeleur et, à cette occasion, la direction offre le goûter à sa clientèle, en majorité française. Chantal prend la sienne accompagnée d’une boule de glace, tandis que la mienne est servie avec de la banane et du chocolat. Joli cadeau de bienvenue ! On apprécie.
Nous nous attendions à trouver Vientiane en chantier. Ce n’est pas le cas, du moins dans le centre-ville où les gros travaux d’aménagement semblent achevés. Plus loin, le long du Mékong, on aperçoit quelques grues qui laissent penser que la construction de nouveaux immeubles a ou bien va bientôt commencer. Nous terminons la promenade sur l’esplanade qui a été gagnée sur le fleuve, il y a environ cinq ans. Au moment où le soleil disparait derrière l’horizon débute un cours de fitness que donnent un jeune homme et une jeune fille grimpés sur une estrade. Quelques touristes se joignent à la cinquantaine de Laotiennes de tout âge pour effectuer leurs mouvements rythmés par de la musique techno. Sur le ciel rougeoyant, le spectacle qu’ils offrent capte toute notre attention. Nous restons là une bonne vingtaine de minutes avant que la faim ait raison de notre intérêt pour les danseuses.
Nous retrouvons avec plaisir le fameux restaurant où une jeune fille m’avait fait manger un œuf couvé, c’est à dire avec le poussin entier à l’intérieur. Je croise très fort les doigts pour qu’elle ne soit pas présente ce soir ! Après m’être réjoui de son absence, j’attaque l’énorme assiette de rouleaux de printemps, toujours aussi bons, et le plat de papaya salad très épicée que l’une des Trois Sœurs (d’où le nom du restaurant) a déposés sur la table. Chantal ne laisse sa part à personne. Nous en ressortons repus une demi-heure plus tard. Sur le chemin du retour vers l’hôtel, nous craquons tout de même pour deux esquimaux Magnum en passant devant une épicerie.
Au petit-déjeuner, nous faisons la connaissance de Gloria, une femme d’origine syrienne, qui parcourt l’Asie durant tout cet hiver. Nous lui donnons des conseils sur son futur itinéraire en Chine et la rassurons sur l’accueil chinois. Nous lui prédisons un séjour inoubliable là-bas.
Par cette belle matinée ensoleillée, nous tentons d’entrer dans le Vat Phra Keo, mais on nous demande d’acheter un billet. Nous l’avons déjà visité à maintes reprises et, surtout, il vaut mieux y venir l’après-midi
pour profiter de l’éclairage plus photogénique. Aussi nous rendons-nous au Vat Sisaket, situé de l’autre côté de la rue.Nous en faisons tranquillement le tour, mais renonçons à pénétrer dans l’enceinte sacrée, là encore à cause des billets payants. Comme le précédent, nous l’avons déjà parcouru à maintes reprises. Pour cette fois, nous nous contentons donc des parties publiques et assistons aux prises de vues d’un mariage. Je n’ai que mon iPad, mais ne résiste pas à la tentation de fixer ce beau moment. Lorsque nous partons, le jeune couple me remercie. Nous nous rendons ensuite sur le marché qui a bien changé depuis la première fois où nous y avions mis les pieds. À part la section alimentaire, toutes les boutiques sont désormais regroupées dans d’immenses galeries commerciales, beaucoup plus lumineuses que les anciennes. Nous y flânons un peu avant de nous engager dans la partie de la viande, des fruits et légumes, celle qui nous intéresse le plus. Là, peu de changements : la volaille tout juste déplumée côtoie toujours les poissons à peine morts qu’on étripe après les avoir assommés à grands coups de matraque, les seaux remplis de pâtes plus ou moins consistantes, plus ou moins malodorantes font la joie des chefs cuisiniers qui s’imaginent déjà en train d’en faire des sauces sublimes, les insectes repoussants, les batraciens et les reptiles essaient sans cesse de s’échapper de leurs bassines-prisons, les bouchères sont toujours assises au milieu des tas de viande qu’elles disposent tout autour d’elles. On adore littéralement cette ambiance, et, où que nous passions, nous ne résistons pas au plaisir d’évoluer dans ce décor un brin surréaliste, dans ce brouhaha contenu. Même si l’on s’y bouscule un peu, le ton ne monte jamais et le sourire reste toujours de mise. Nous sommes au Laos, tout de même !
Rentrés une heure à l’hôtel pour nous y reposer, nous bénéficions comme hier d’un goûter offert. Aujourd’hui, nous optons tous les deux pour une part de gâteau, sorte de mousse aux fruits, d’un café glacé pour Chantal et d’un chocolat frappé pour moi. Sympa !
Nous nous rendons dans l’après-midi au Vat Simuang, un peu éloigné, mais toujours aussi coloré. J’y fais une jolie photo de moines nettoyant la cour en fin de journée. Rien que pour celle-ci, je suis content d’être venu. Comme hier, nous retournons diner aux Trois Sœurs et commandons la même chose. J’y rajoute tout de même une grande assiette, que dis-je ? un énorme bol d’une excellente soupe aux nouilles. Ce soir, il n’y a plus de place pour le Magnum lorsque nous passons devant la petite épicerie…
Tandis que Chantal part faire les magasins, je reste toute la journée du lendemain penché sur mon ordinateur à tenter d’écrire quelques lignes et mettre mes sites à jour. Dès la tombée de la nuit, nous emmenons Gloria, la femme d’origine syrienne de 73 ans, mais qui en parait au moins dix de moins, diner avec nous. Voyageant seule, elle recherche la compagnie. Loquace, mais intéressante, elle capte rapidement notre attention ; le temps file vite à ses côtés. Par contre, on ne sait pas trop si elle a apprécié la nourriture, elle qui est végétarienne.
Nous préparons nos bagages le matin suivant et, après avoir rendu les clés de notre chambre à 12 heures, les entassons derrière la réception. Nous passons l’après-midi sur la terrasse de l’hôtel d’où nous observons deux jeunes touristes allemands qui se prélassent dans le tuk-tuk qu’ils ont acheté le jour de notre arrivée et qu’ils ont repeint et aménagé à leur façon avec des couleurs et des néons fluo. Demain, ils commencent leur trip à travers le pays. Nous leur souhaitons bonne route. Leur grain de folie me fait plaisir ; je me surprends à les envier.