Nous revenons sur l’ile Koh Lanta pour la cinquième fois. Il n’y a rien à voir ou si peu, rien à faire de particulier sinon de profiter des plages, mais nous apprécions venir nous y prélasser et aller diner au Baifern où la famille thaïe qui tient ce restaurant sur pilotis nous sert toujours des plats excellents et conséquents.
Le minivan parti de Krabi 2 h 30 plus tôt nous dépose juste devant notre hôtel habituel. Mais le choc est rude : des ouvriers s’affairent à la construction d’un autre établissement littéralement collé au nôtre ; et sur toute sa longueur qui plus est. Dans l’obscurité nouvelle d’une réception déjà tristounette, mon humeur grincheuse monte d’un cran lorsque, à la demande du coût de la chambre, le jeune homme qui nous connaît pourtant bien annonce laconiquement un prix 5 fois supérieur au tarif de notre dernier séjour. High season, qu’il nous explique ! Et puis, quoi encore ? Nous sommes le 21 novembre et la haute saison ne commencera réellement que dans un mois. On le sait pour être venus à plusieurs reprises durant cette période ; je déteste être considéré comme une potiche. De colère, nous laissons nos bagages à la réception et partons sur-le-champ à la conquête d’une nouvelle chambre. Après deux heures de recherche infructueuse en plein cagnard et un court instant de découragement, nous dénichons avec un peu de chance un joli bungalow à une petite centaine de mètres de la plage. Par contre, pour rejoindre le Baifern, nous aurons une vingtaine de minutes de marche à effectuer, à l’aller comme au retour. Mais restons positifs : cela nous fera le plus grand bien !
La météo nous joue des tours. Après deux premières journées correctes, elle se détraque complètement et la semaine qui suit s’avérera comme la plus mauvaise que nous ayons jamais eue depuis que nous voyageons : deux jours et deux nuits de pluie ininterrompue, une journée ensoleillée, puis trois autres de « crachin breton » incessant entrecoupé d’averses orageuses. Heureusement, la température reste malgré tout plaisante en tutoyant les 30°. Pour clôturer cette semaine quelque peu déprimante suivent deux jours de ciel uniformément gris. Ce temps maussade m’a cependant permis d’écrire mon journal que j’avais un peu délaissé en Malaisie et de mettre mes sites web à jour. J’ai au moins la satisfaction d’avoir judicieusement su meubler cet intermède météorologique dont on se serait bien passé !
Mickaël, un jeune ingénieur français en vacances en Asie que nous avions déjà croisé en Malaisie nous reconnait et vient déguster une Leosur la terrasse de notre bungalow. Nous dinons ensuite ensemble dans un petit restaurant local qu’on appelle Chez Papy, le nom thaï difficilement mémorable étant de toute manière imprononçable !
Avec le soleil revenu, nous reprenons les balades le long de la belle plage de sable fin de Klong Dao qui s’étire sur plus de deux kilomètres et nous livrons à de joyeuses parties de raquettes dans lesquelles nous avons investi.
Déjà peinés par le décès de Jean d’Ormesson hier, nous sommes consternés d’apprendre celui de Johnny aujourd’hui en consultant les nouvelles du jour. Plusieurs jours durant, je ne peux m’empêcher de fredonner quelques-unes de ses chansons qui ont bercé notre enfance, notre adolescence et toute notre vie en général. Avec le décalage horaire, nous suivons en direct ses funérailles sur nos iPad tout en sirotant la Changde l’apéro. Difficile de croire que l’homme qui nous accompagnait sans relâche depuis plus de 50 ans soit en train de descendre les Champs-Élysées enfermé dans un corbillard !…
Dans le bungalow voisin, un couple de Suédois à peu près de notre âge boucle ses sacs et nous donne leurs deux parapluies et leur bouilloire électrique en nous disant au revoir. Les premiers jours, nous les trouvions froids et distants, ne répondant même pas à nos saluts. Mais les jours passant, nous avons commencé à échanger quelques mots, puis une phrase ou deux, mais jamais davantage. Leurs cadeaux nous surprennent donc un peu ! Une situation, bonne ou mauvaise, ne demeure jamais figée et peut toujours évoluer dans un sens ou dans un autre : voilà la leçon de morale de la journée…